Premier pas d'un futur assassin :

« Ne compte plus sur moi. J’arrête.
− Tu crois que c’est aussi simple espèce d’idiot ? Il me faut un successeur. Et ce sera toi.
− Il en est hors de question. Continue tes petits jeux tordus sans moi.
− Alors ce sera à Akio de me succéder. Et tu auras sa mort sur la conscience. »

Un petit retour en arrière s'impose avant d’expliquer la situation :
La vie de Shin précéda de quelques années celle de son petit frère, Akio. Même père, même mère, même lieu. Ces misérables petites années se trouvèrent être des malédictions. Ainé d’une famille appartenant à une longue lignée d’assassin d’état, Shin n’avait pas d’autre choix que de reprendre le flambeau. Dès son plus jeune âge son père lui enseigna les arts martiaux. D’abord le combat au corps à corps, élément de base dans la formation d’un jeune assassin. Puis le maniement du katana, art ancestral passé dans la famille de générations en générations. S’ajouta à cela des cours de stratégie, de mathématique, de physique et d’anatomie, matières dans lesquels le jeune Shin se révéla particulièrement doué.

A dix ans, Roy senior décida qu’il était temps d’amener son fils sur le terrain. Il le prit d’abord en mission avec lui puis, petit à petit il lui confia ses propres missions. A quatorze ans le jeune homme avait déjà les mains couvertes de sang. On lui avait forgé l’esprit retors d’un espion et le corps parfait d’un assassin. Ce fut également vers ses quatorze ans qu’il découvrit la beauté des poisons. Son maître en la matière était un collègue de Roy senior. Bien vite il flaira le talent d’Akio et l’encouragea à poursuivre sur cette voie, ce que le garçon fit. Et puis un jour sa vie changea. Une toute petite phrase lui changea la vie : « Tu vas à l’académie Rakishou ». L’académie changea sa vie, et certainement sa manière de penser. C’est là bas qu’il prit un goût démesuré pour la stratégie et la médecine. Il y resta le temps de son lycée puis revint chez lui, ce qui nous amène à cette scène.

« Je veux finir mes études à Rakishou. Je vais devenir stratège. Que tu sois d'accord ou non.
− Fais ça et tu condamnes ton frère, il n’a pas eu ta formation. Tu commettrais un meurtre de plus.
− Les Odashima n’ont qu’à devenir respectable et abandonner le meurtre !
− Hors de question, il me faut un successeur. Si tu ne veux pas être notre fierté alors abdique et laisse moi choisir ton frère.
− Tu rêve. Si je n’abdique pas tu ne pourras pas le choisir. Et comme je ne compte plus travailler pour toi...»
Un lourd silence pesa sur le salon. Un instant Shin crut qu’il avait gagné. C’était sans compter sur le sadisme et l’obstination de son père.
« Fais tes valises Shin. Tu pars pour la frontière. J’espère que deux ans passés là bas te rappelleront à l’ordre. Tu apprendras peut-être à tenir ta place. »

Le lendemain Shin était engagé au poste frontière. Pour deux longues années de calvaire.









Une amitié très précieuse :

« Pourquoi t’as les cheveux rouge toi ? C’est moche.
− Je te cause de tes horribles cheveux gris moi ? »
Les deux garçons s’étaient croisés, un peu par hasard. Après cet échange peu amical ils échangèrent un regard froid…puis explosèrent de rire. Le garçon aux cheveux gris tendit une main en déclarant :
« Ryûsuke Matsuda. Enchanté de te rencontrer.
− Akio Odashima. La même. ».

C’est à partir de ce jour que Ryûsuke et Shin ne se quittèrent plus. Ryû avait le même âge que lui, beaucoup le considéraient comme un véritable génie et en effet, c’en était un. La spécialité du jeune homme c’était les bombes. Et plus elles faisaient du bruit et de la fumée, plus Ryû aimait ça. Il les fabriquait lui-même, les perfectionnant sans cesse. La vraie passion de Ryû c’était la nanotechnologie et la fabrication d’armes, il avait un don pour réduire les armes. Avec lui un bouton de manchette devenait une arme de destruction massive. Ils firent de nombreuses mission ensemble, parmi lesquels celle qui couta un œil à Shin. Ce jour là il n’avait pas fait gaffe, il en avait payé les pots cassés. Ryû l’avait ramené à l’académie, inconscient. Il avait perdu beaucoup de sang et toute la partie autour de l’œil avait été arrachée. Une très, très vilaine blessure…Shin eu du mal à s’en remettre. Longtemps il fut dans l’incapacité de se battre. Retrouver un bon niveau quand on devait apprendre à déplacer sa vision était difficile. De plus son deuxième œil avait été endommagé, rendant compliqué la vision des couleurs. Après pas mal de rééducation, et l’aide de son précieux ami, Shin récupéra finalement un bon niveau. Ce fut à peu près dans ces années là que Ryû découvrit sa maladie :

« Une maladie des poumons ?
− Oui. Apparemment ils ne savent pas d’où ça vient. Il n’y a pas beaucoup de cas si j’ai bien compris. En gros mes poumons vont se nécroser et puis…enfin tu vois quoi. Sans poumon je vais avoir du mal à respirer. »

Cette nouvelle avait été un rude coup. La maladie avait été découverte un an seulement avant le départ de Shin à la frontière. Les deux amis se soutinrent encore un peu, et puis le jeune Roy dut partir, laissant son ami à ses études supérieures de mécanique et nouvelle technologie. Il promit cependant à Matsuda de trouver une solution, un remède. Promesse qu’il n'a pu tenir pour le moment, mais qu’il n’a pas abandonnée pour autant.

Et maintenant ? Comme le voulait son père qui avait finit par gagner, il était devenu un assassin. Et pire encore, il est un très bon assassin... De plus, il n'avait plus de famille, plus d'ami... Il se hait lui même...