| Invité - ASH ▬ the ringing of the division bell had begun Sujet: ASH ▬ the ringing of the division bell had begun Mer 4 Déc - 0:38 | |
| « Our weary eyes still stray to the horizon ; though down this road we've been so many times » PHYSIQUE L’uniforme s’était déchiré net sous la lame. Comme si rien ne s’était passé, comme si 4 années à le garder à même la peau ne lui avaient rien fait. Il était tombé en loques éparses sur le sol et il avait marché dessus, sans regrets, comme on écrase quelques souvenirs sans valeur.
Hier, le tissu recouvrait sa musculature dure, une oscillation constante entre force maitrisée et agilité. Hier, ses épaules larges étaient contenues dans la matière rigide, à peine frôlées par les mèches d’or de sa chevelure. Hier, le bleu de ses yeux semblait se refléter dans le métal, comme autant de lames tranchantes. Hier, ses traits paraissaient moins doux, plus acérés, sous les éclairages des sanglantes lumières et des austères armures. Mais hier s’est enfui, déjà.
Sur son visage trop pâle, il ne reste qu’une zébrure rouge et brillante, une cicatrice qui dénature sa figure lisse et sa peau. Sur son corps qui a perdu de sa force et de sa dextérité se referment des tissus sombres, souvenir d'une élégance désormais perdue. Sur ses pas se traine une lassitude de plomb, un lourd fardeau qui lui fait courber l'échine. Et dans ses sourires qui se font chaque jour plus enjôleurs et aimables, il y a une amertume qui, jusqu’alors, ne franchissait jamais la barrière de ses lèvres closes. MENTAL Le constat avait été bref, suintant la cruauté de l’indifférence. Sur le papier, ça avait pourtant l’air si dérisoire. Inapte à combattre. Abel en aurait hurlé de rire s’il avait pu voir ces quelques mots qui les faisaient renoncer à leur vie privilégiée. On avait à peine murmuré quelques paroles de regrets mais c’était tout, c’était enterré, déjà et il n’y avait plus que les reproches qui pleuvaient, silencieusement, sur sa silhouette abîmée dans les draps glacés.
Il avait toujours exécré les silences, pleins de morgue et de poison sous-jacent. Il s’en était nourri toute son enfance, toute son adolescence, toute sa vie de jeune adulte jusqu’à en arriver à saturation, jusqu’à les vomir en regrets et en cris de rage. Il n’avait pas la colère facile ni le reproche acide mais sa patience, au fil des ans, s’était étiolée jusqu’à rester comme une trainée sombre sous ses yeux aux poches violine.
Le travail l’avait avalé et n’avait recraché qu’un adolescent qui avait du mal à ployer et maîtriser ce corps d’adulte, ces charges d’adulte. Son ombre rôdait souvent dans la grande maison, comme un étranger qui se demandait, parfois, si la vie dans le Haut Quartier valait bien qu’il y perde sa santé au change. Il n’en formulait pas l’idée, pas le doute parce que leurs gestes parlaient si bien pour eux. Il était bon observateur, indéniablement et dans chaque confirmation, dans chaque encouragement pour continuer à servir la Garde, il voyait un coup de couteau supplémentaire.
Et puis c’était bien assez, 4 ans. 4 années, 4 lourdes années et il avait encore l’impression d’entendre son corps crisser, ses os protester, son sang s’écouler. Quand on lui avait demandé s’il l’avait fait exprès, il n’avait su répondre parce qu’au fond, il ne le savait pas. C’était la première fois qu’il se découvrait lâche et il savait que cela le poursuivrait.
La valeur du temps et des crédits s’était affaissée pour laisser place à une unique pensée, libératrice. Vivre, pour lui-même et c’était un soulagement, c’était une lente convalescence loin des silences (qui duraient, duraient, encore, derrière les portes closes et les paupières lourdes de sommeil), loin du fracas des armes.
Il se découvrirait joueur, rusé. Il se découvrirait charmeur, doué pour la parole. Il se découvrirait ambitieux, un peu cruel. Il se découvrirait libre, enfin. | NOM: Hawkeye PRÉNOM: Ash Requiem ÂGE: 28 ans SEXE: Masculin SEXUALITE: Hétérosexuel SITUATION AMOUREUSE: Célibataire PROFESSION: Employé de la Real Company CATÉGORIE D'ARMES: Armes à distance ▬ Revolver QUARTIER: Second Quartier GROUPE: Civils NOTES: Se charge de contacter la prison pour des cobayes servant la R Company ▬ Les engage parfois, pour les plus courageux et démunis, en échange d'argent ▬ Organise régulièrement des paris sur les combats des arènes pour arrondir ses fins de mois.
ET IRL?PSEUDO: Darkangel666 ÂGE: 17 ans A PROPOS DE VOUS ?: J'ai stalké le forum puis j'ai fini par craquer & par le rejoindre, wouhou! FEATURING: Graham Aker, Gundam 00 (version cicatrice & comme constipé par ses brûlures plz) CODE: |
HISTOIRE
« Les aventuriers des couloirs perdus. » La nuit, ses pas faisaient un bruit infernal sur le sol carrelé. Il se disait qu’il en percevait comme une mélodie pour ne pas grincer des dents, de peur et de froid à chaque fois qu’il osait s’y aventurer. En journée, il ne pouvait pas passer le couloir à côté de la chambre de Père, juste là, quelques pas à droite et on y était. Même la nuit, personne ne devait y entrer mais la serrure avait tôt fait de céder sous ses mains habiles. Quelque part, il n’y gagnait rien si ce n’était de se geler le corps et l’âme et le cœur à chaque fois qu’il voyait la respiration vacillante et le visage baigné de sueur glacée.
Il avait demandé, quelques fois, si c’était de la faute d’Alaizabel si Mère était en mauvaise santé et ressemblait tant à un fantôme sur les draps épars. Il en avait gagné une marque rougeoyante et une douleur aiguë, intense, à la joue. Elle avait brûlé des heures durant et même ses larmes n’avaient pas pu en atténuer la douleur.
Quelque part, la gifle avait été bien moins blessante que le regard de haine et de douleur que lui avait lancé Père.
xxxxxxxxxxxxxxx Être l’ainé lui faisait parfois plaisir. Souvent honte. Il n’était pas très doué pour cela, les fautes s’enchainaient et son caractère n’avait pas le flamboiement et l’inflexibilité de celui d’Abel. Lui, acceptait pour faire plaisir et regrettait tout aussi vite. Lui, se laissait allègrement marcher dessus et Père ne disait rien, jamais, Père se contentait de le regarder comme s’il était un ver de terre, un insecte rampant à ses pieds et retournait à son travail.
Le chevet glacial de celle qui semblait toujours dormir lui paraissait chaleureux, en comparaison de la sinistre atmosphère de leur maison. Alaizabel jouait avec ses poupées, jeune et insouciante, loin des pas menaçants d’une adolescence qui approchait. Et Abel profitait de ses déconvenues pour enchainer les provocations, pour hisser tout son mépris dans ses fanfaronnades et ses moqueries incessantes.
La seule chose qui le rassurait c’était de voir qu’il était le seul de la fratrie à avoir eu les cheveux bouclés, blonds et légers comme des nuages de Mère alors qu’ils n’avaient hérité que du nid de corbeau de leur paternel.
xxxxxxxxxxxxxxx Son seizième anniversaire l’avait fauché en plein vol, un raz-de-marée qui l’avait empêché de continuer des études. Ses mains étaient revenues de son premier jour de travail calleuses et abîmées. La Real Company avait aussi réelle le nom que la dureté et l’assemblage des matériaux, chaque jour, le laissait plus fatigué et plus aigri que jamais.
Quand il répondait à Abel qu’un jour, son tour viendrait, lui aussi, ça ne le consolait même plus. Parce qu’il savait pertinemment que ça n’arriverait pas. Qu’Abel, sa vive intelligence, son caractère de flamme, ne sauraient se suffire au simulacre de vie qu’il entretenait. Qu’Abel, ses foutus principes, son intégrité, n’accepteraient pas de faire partie de la Garde Civile comme leur Père et comme lui, sûrement, dans quelques jours, quelques mois, qui sait.
L’idée d’être à jamais enfermé dans le rôle du premier, premier à s’en aller premier à en souffrir, premier à en payer le prix, devenait chaque jour plus insoutenable. Et même ses visites à la chambre sombre et silencieuse ne suffisaient plus à calmer son angoisse.
xxxxxxxxxxxxxxx Un jour, il n’y eut plus de chambre sombre, plus de couloir à traverser la nuit, le cœur battant et les larmes refoulées pendant des journées entières, prêtes à se déverser sur le sol froid. Le dernier souffle de la dormeuse avait condamné l’aile toute entière, entièrement rasée.
Personne n’osa demander à Père si c’était, vraiment, une bonne idée.
« Dix petits Gardes. » C’était un surnom cruel, au début, une moquerie envers des nouvelles recrues. Peu d’entre eux avaient le choix, ils reprenaient la relève, tout simplement. Dix nouveaux membres de la Garde Civile qui apprenaient à se battre, à perdre un peu de leurs illusions en chemin. C’était un sinistre jeu qui commençait, personne ne le savait vraiment, encore mais les mâchoires voraces des calamités allaient se refermer sur eux.
xxxxxxxxxxxxxxx Le premier mourut bien bêtement, au fond. Il avait duré à peine un mois, même s’il s’entrainait chaque jour, même s’il disait à qui voulait bien l’entendre qu’il était fier d’appartenir à la garde. Ça ne l’avait pas empêché de se tirer dessus avec sa propre arme, en plein service.
Son temps s’était fait si rare qu’il ne rentrait que très peu à la maison. Abel trainait dans les rues, personne ne savait, au fond, presque personne ne le voyait. Alaizabel était une femme, sans la beauté de leur mère, sans la volonté de leur père. Ils s’en allaient comme des ombres et il enrageait, au fond, d’être là pour eux.
xxxxxxxxxxxxxxx Les trois suivants moururent dans un affrontement. Les balles perdues avaient volé un peu partout sans que la Garde ni leurs opposants ne puissent les éviter ou en définir vraiment la provenance. C’était routinier, presque, c’était à pleurer tant c’était bête, des vies perdues pour arrêter quelques malfrats.
Il avait dû réfréner son fou rire devant les trois tombes fleuries tant c’était ridicule. 6 mois déjà et il était devenu l’ombre de lui-même, bouffé par les ruelles de la ville, amoindri par les ténèbres grandissants de leur sinistre quotidien. Si on lui avait demandé pourquoi ses yeux brillaient de larme, ce jour-là, il aurait simplement répondu que c’était parce qu’il se sentait triste.
xxxxxxxxxxxxxxx Le cinquième ne fut jamais retrouvé. On disait qu’il avait été déchiqueté par des chiens de garde en s’approchant trop d’une propriété trouvée. Il n’y avait pas de corps à placer dans la tombe, pas de preuves, peu de larmes. Au fond, il avait l’impression que tout ça était un jeu.
Alaizabel était à peine revenue pour leur dire qu’elle se mariait, qu’elle s’en allait. Ils avaient constaté un ventre arrondi et un visage radieux et c’était blessant, c’était comme se réveiller après un long sommeil. Dans une réalisation un peu trouble, il avait pu se rendre compte que ce qui le choquait le plus, dans l’histoire, c’était de voir quelqu’un entrer avec le sourire dans leur maison.
xxxxxxxxxxxxxxx Les deux suivants ne revinrent jamais dans la Garde. Ils avaient tenu plus de deux ans et leurs armures laissées vides étaient tout ce qu’il restait de leur service et de leur travail. Il en avait croisé un dans la périphérie, un soir, vêtu pauvrement et amaigri. Mais quelque part, il avait l’air bien plus vivant qu’eux tous, sous leur métal luisant et leurs têtes vides d’un quelconque espoir.
Abel lui échappait chaque jour davantage. Dans ses pires moments de doute, il se disait qu’il faisait partie du Marché Noir, qu’il devrait, peut-être, le dénoncer. Dans ses moments de lucidité, il était certain qu’Abel avait tourné de ce côté-là mais c’était trop tard, bien trop tard, il lui avait tourné le dos depuis bien longtemps.
xxxxxxxxxxxxxxx Le huitième, disait-on, était revenu à la surface. C’était un mensonge, certainement. Mais c’était bien suffisant pour qu’ils pensent à leur camarde avec envie, jalousie. Trois ans, déjà. Trois années loyales à patrouiller dans la ville, à arrêter, interroger, à arrêter encore, à défendre, à protéger. C’était long, c’était sans saveur et sans réel mérite.
Il était fatigué de la mascarade, fatigué de son simulacre de vie, fatigué de cette ville où tout était morne, vieux, gris et triste. Il avait juste l’impression d’en être l’image parfaite, l’âme d’un vieillard dans le corps d’un jeune homme.
xxxxxxxxxxxxxxx Les deux derniers auraient pu continuer, servir pendant 7 ans et regagner leurs foyers, au fond. Mais la chance l’avait abandonné, après 4 longues années. Les balles avaient frôlé ses poumons, l’explosion dévasté son visage. Il en avait gagné un corps raidi, enfermé dans une cage métallique pour le soulager de la trace qui ne partirait sans doute jamais.
Quand Abel lui annonça que qu’il ne pourrait plus travailler dans la Garde et que son collègue était mort, il se contenta de rire et de dire que le compte était bon, cette fois, les 10 y étaient passés.
« Le gentleman arnaqueur. » Les mots sont sur toutes les lèvres, le soulagement frôle la déception. Lui, regarde l’agitation un sourire aux lèvres, ravi. L’insécurité leur fait gagner de l’argent, des clients, les doutes et la peur leur apportent de nouvelles proies faciles.
Bien habillé, bien coiffé, il sait où aller pour trouver les plus démunis et les plus faibles. Le temps d’un contrat, il les a enrôlés, offerts en pâture à la Real Company et c’est d’un nouveau sourire enjôleur qu’il entame chaque nouvelle démarche.
Le temps où ses pas se perdaient dans les ténèbres de la nuit, où son ombre se fondait dans les murs pour y poursuivre la justice est de plus en plus éloigné. 3 années à reprendre sa vie en main. 3 années pour construire par lui-même ce qu’on lui a longtemps refusé. 3 années à compter les blessures du corps tout en se disant que les blessures du cœur peuvent enfin se refermer.
Aujourd’hui, comme chaque année depuis que Père et mort, lui et Abel pourront se réunir pour boire un verre en son honneur. Aujourd’hui, comme à chaque fois qu’il le verra, il fera comme s'il ne savait pas la terrible évidence, sur la vraie raison de son refus d'intégrer la Garde. Aujourd’hui, comme chaque jour, il fermera ses yeux, ses oreilles, son âme à toute plainte, à tout problème et à tout doute pour continuer à recueillir la sérénité qui lui a tant manqué.
|
PS : FICHE TERMINÉE (oui je précise ici aussi. Si c'est pas clair, faut me le dire, bouh) |
|