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Sacha #####
Rebelle



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Sacha ##### - #ARCHIVES - Le contexte
Message Sujet: #ARCHIVES - Le contexte   #ARCHIVES - Le contexte 1450534713-ug-03-iconshorloge Ven 19 Fév - 6:21


LA TERRE, 2048.


L'anglais marchait vite. A vrai dire, son rythme n'était pas si rapide que cela, mais il n'était pas lent, et il ne courrait pas non plus. Il marchait. Mais vite.

Ah, non, ce n'était pas sa famille qui le pressait, ni son travail. Il allait simplement d'un point A à un point B, et avait pris une allure pressée, poings fermés, bras tendus, grands pas. Il levait parfois un sourcil en même temps que son regard, avec un air des plus sérieux, comme pour impressionner ceux qu'il regardait, et particulièrement les mesdames du fond, habillées de belles robes aux couleurs douces, comme le printemps qui s'était installé.

Ce jour-là, il faisait particulièrement beau à Londres. L'anglais avait traversé une semaine non-stop d'averses diverses et savait que le lendemain, ou dans deux heures, le Royaume-Uni serait de nouveau frappé par une dépression atmosphérique, comme le diraient ces dames de mauvais goût à la télévision, le soir, entre un divertissement famille et un journal censuré par le gouvernement.

Mais ce n'était pas la météo qui l'inquiétait à l'instant, ni les parcelles de peau que l'on pouvait entrevoir des jeunes filles, assises au milieu de la place, dans le parc même. C'étaient les magasins à ses côtes. Enfin, non, pas exactement: le magasin vers lequel il se dirigeait. Car, en levant le regard, il avait remarqué l'un de ces marchands fermer la porte pour la dernière fois, en plein quatorze heures. Et il s'était alors demandé: « Will I finally buy this fucking hat ?! » Mais par là, il n'entendait pas exactement cela: toutes ces fermetures le prenaient à la gorge en réalité. Elles se caractérisaient par un gros noeud au ventre et une boule qui remontait dans la gorge, comme sur le point de pleurer. Mais c'était simplement de l'angoisse, et l'angoisse, tout le monde la ressentait ces derniers temps.

Entre la crise économique qui sévissait, plus forte que jamais, les magasins qui, comme s'ils se passaient le mot, fermaient ou augmentaient leurs prix et les mauvaises relations avec l'Amérique et l'Asie, la population anglaise, voire la population européenne, se trouvait bien foutue. Mais pas dans le bon sens, en fait. Et même que les Etats-Unis avaient lancé des menaces - c'est ce que l'anglais avait entendu à la radio une semaine plus tôt.

Tout ça pour le fric et le pétrole. Eux avaient de la chance, peu de temps avant, ils avaient réussi à dénicher un nouveau stock de pétrole - et dire que les scientifiques les pensaient tous épuisés. Enfin, si l'on appelait ça de la chance... parce que oui, l'Union Européenne avait finalement décidé de répartir ce stock entre les pays qui étaient des leurs, et ça n'incluait pas l'Amérique ou l'Asie. Alors autant dire qu'ils n'avaient pas été très joyeux. Mais au moins, l'Asie était restée calme, contrairement à l'Amérique.

Ahh, l'Amérique. Les Etats-Unis. Le pays de la liberté, « the country of my ass, yeah ! ». Il aurait été presque drôle de les voir ainsi paniquer face à la pénurie de pétrole, comme des petites fourmis auxquelles on aurait bouché leur fourmilière, si ça n'avait pas été le cas de tout le monde. Sauf d'eux bien sûr. C'était forcément tombé sur eux.

Mais un bruit, infernal, tellement dérangeant qu'il fallait s'en boucher les oreilles, vint mettre les cinq sens de l'anglais en alerte. Il n'avait jamais rien entendu de semblable ; un vacarme horrible, sur lequel venaient se rajouter les cris des personnes confortablement installées au milieu de la place, ou même traversant les rues: c'était London Tower. Ils avaient attaqué London Tower. Ce n'étaient pas ses cloches qui sonnaient, mais la tempête, la troisième guerre mondiale qui commençait: London Tower tombait. Elle tombait, oui. S'écrasait sur elle-même, comme un bâtiment au rasage programmé. Le 11 Septembre sans avion, avec une seule tour, et des explosifs. L'anglais n'en revenait pas : elle tombait.

Le plus ironique peut-être, c'est qu'à ce moment, au gouvernement, un message passait sur un écran, amateur, dont on aurait jamais cru les menaces. Une blague peut-être, un canular, ou un groupe de jeunes américains mécontents. Après tout, quelle folie de menacer le gouvernement anglais, sous le nom d'un groupe extrémiste d'un parti américain, « in the name of the U.S.A, for the U.S.A ». Quelle folie, personne ne ferait ça. Personne.

Et pourtant ça s'était passé, elle était tombée, et la réplique n'avait pas tardé. Ah pour sûr, celle-ci, c'était la der' des der'. Du moins, à la surface de la Terre.

# LA TERRE, 2398.


On dit que les Rebelles n'ont pas peur.

C'est vrai.

Aucun d'eux n'a peur. Sauf elle.

Parce qu'elle sait.
Dans l'ombre, son souffle est fort. Elle observe de son œil rongé par la rage les hommes, les femmes, alignés comme si ils allaient être fusillés. Elle écoute le silence de mort qui s'étend dans la foule grandissante, les pas qui sonnent la dernière heure. Elle les envoie à la morgue. Pauvre femme, vermine d'humaine.

Et Dieu - elle est seule. Tellement seule. Elle cherche un réconfort dans le néant de la pièce où elle attend, tend la main dans le vide et n'attrape rien, ne serait-ce que la fumée de souvenirs oubliés. Alors elle tourne sa tête vers le présent une fois de plus et voit toutes ses personnes qui l'aiment, qui l'admirent, qui attendent, comme elle. Qui ne savent rien encore. Alors qu'elle, comme un devin, sait déjà. « Au revoir. » murmure t-elle dans le noir. Au revoir comme un adieu qu'elle récite seule. Au revoir comme un message qu'elle envoie à la mer et qui ne reviendra pas. Au revoir, famille, amis. Au revoir, parce qu'aujourd'hui vous ne serez plus là.

Et lorsqu'elle ouvre la porte, elle manque de défaillir. Elle n'entend pas les acclamations de ces personnes qui lui font confiance sans la connaître. Elle ne les regarde plus en face, fuit leurs regards comme une peste étrange, comme lorsque, petit, on évite de croiser celui de professeur de peur qu'il nous demande: « Pourquoi ? » Alors elle se contente d'avancer sous les lumières blafardes qui tapent comme des soleils artificiels du haut du plafond. Elle se contente d'avancer et d'être ce que chacun a toujours rêvé d'être: une leader.

« Vous avez attendu, et bien trop longtemps, mes amis ! » Elle déglutit, monte les marches de l'estrade, se tourne vers le public. « Mais il est maintenant l'heure. L'heure de la résistance ! L'heure du soulèvement ! » Elle pense à ces secrets qu'Il leur cache. Elle pense à ce visage qu'Il arbore et qu'elle ne connaît pas. « Nous serons la parole du peuple, à travers nos poings levés ! Nous serons sa justice, nous serons son arme et son bouclier ! » Elle observe la foule qui lève les poings, crie de rage. Elle observe ces têtes qu'elle ne verra plus. « Mes amis, nous pouvons enfin donner un ton à nos cris ! Et s'il y a des obstacles, nous passerons à travers, car nous sommes plus fort, car nous sommes le peuple ! » Elle fait volte-face, efface des doigts la sueur sur son front et tente de dissimuler ses tremblements. Elle a peur. « Et de nos pas sonneront leur glas ! » Face au public, elle hurle, presque. Elle est la furie qui leur sert de boussole. « Ressuscitons nos morts à travers nos lames ! » Elle lève le poing, ils font de même. Ils sont masse, ils sont unis. Ils sont seuls, ensemble. « Ressuscitons nos pères ! Ressuscitons nos mères ! » Elle pense à sa famille, jette son poing plus haut. « Ressuscitons nos frères ! Ressuscitons nos soeurs ! » Elle pense à ceux qui l'ont abandonnée, elle se demande si elle pourra y arriver. « Ressuscitons nos fils ! Ressuscitons nos filles ! » Elle pense à ceux qui n'existeront jamais et ceux qui n'existeront plus. « Ressuscitons nos camarades ! Ils ne seront pas déçus de nous ! »

« Marchons, amis, frères ! Marchons pour appliquer le châtiment réservé à ces rois égoïstes qui tuent leurs semblables ! Allons ! » Et telle une horde, la foule se précipite par les grandes portes, lève arme et démarre hovercraft, hurle sa rage dans le vide de la caverne. Il est une heure vingt-quatre du matin quand elle finit par sortir à son tour. Dans six minutes, la moitié sera morte.

Elle allume une flamme dans le noir de la grotte et consume sa première cigarette de la soirée. Elle se demande, au fond de sa tête. Elle se demande à quoi tout cela rime. Elle se demande pourquoi, elle se demande comment. Elle regarde vers le plafond noir de la caverne et elle en respire l'odeur humide qui s'en dégage. « Pourquoi ? » demande t-elle aux ancêtres, à ceux qui hantent par simple croyance. Mais rien ne répond, ne serait-ce que la brise froide qui lui picote sa peau de lune. Même les livres ne savent plus. Même les livres ne peuvent répondre. Ils ont tous oublié.

Et de la guerre, des refuges souterrains, des campements improvisés qui se sont améliorés, qui sont devenus villages, villes, tout a été oublié. Ils savent juste, maintenant, que c'est ainsi. Ils ne connaissent pas la surface. Ils ne connaissent pas le Soleil. Ils ne connaissent rien de tout cela. Pas même le bleu du ciel, pas même le vert de la terre. Il y a des tentatives de reproduction, du synthétique, des brins d'herbe en plastique, mais jamais l'on ne retrouve sous la main la sensation particulière, fraîche, vivante, de cette terre qui bat sous la poigne. Oh, plus rien de tout ça. Tout est oublié.

Et encore aujourd'hui, certaines choses ne se disent plus. Elle jette sa cigarette sur le sol trempé et tourne sa tête vers le Sommet. Belle résidence pour telle ordure que le Roi, ce même Roi qui a décimé les leurs parce qu'ils avaient osé crier pour la liberté. Aujourd'hui, dix ans plus tard, c'est la réplique. Il est une heure vingt-neuf du matin lorsque les Rebelles remontent les rues jusqu'à la Haute-Ville. Bientôt, ils découvriraient qui est cet homme sans coeur, ce Roi cruel. Bientôt, ils pourraient mettre un visage sur son nom, et montrer sa tête à chaque passant. Bientôt... bientôt...

Si seulement ils avaient réussi.

H-S: Merci à Thomas D. pour l'aide apportée ♥


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