| Sarah Beleau - Sarah Beleau | Don't worry Daddy, I'm fine Sujet: Sarah Beleau | Don't worry Daddy, I'm fine Mer 30 Juil - 4:06 | |
| « Le mariage est un duo, ou un duel. [Emile Augier] » PHYSIQUE « Et voilà. Encore avec ses lunettes. J'espère qu'ils ont pensé à racheter des dosettes de café, sinon on va tous passer une horrible, horrible journée. »
De grosses montures noires, des verres aux reflets éclatants et sans l'ombre d'une griffe toujours posés sur son nez fin et retroussé, Sarah déambule agilement, droite et fière. Le menton toujours levé, les cheveux toujours impeccablement lissés et brossés voletant légèrement derrière ses épaules étroites, cascadant jusqu'au milieu de son dos creux. La voilà, la terrifiante Sarah Beleau, froide quand elle ne sourit pas, si effrayante quand son visage aux expressions masquées par cette affreuse paire de lunettes se tourne vers vous si bien que vous savez sans le voir : c'est vous, qu'elle fixe.
« Quelle mine atroce. Tu as dormi au labo' ? »
Ses sourires sont indéfinissable. Qu'elle soit joyeuse, rieuse, moqueuse, carnassière, c'est toujours ce même sourire aux dents un peu jaunies par la cigarette et le café et pourtant propres et régulières qui s'affichera. Si ce n'est ce très léger écart entre les incisives du haut, il n'y a rien à reprocher à l'harmonie de son faciès. Elle a une fossette, aussi, c'est vrai, qui creuse sa joue droite mais pas la gauche, lorsque Sarah étire ses fines lèvres rosacées, sa petite bouche en coeur discrète.
« Toujours aussi drôle, toi. »
Elle est du genre anodine, pas quelconque, non. Belle mais qui ne le sait pas, qui s'en moque. Le genre à se maquiller sur le chemin, ou avant d'entrer dans le bâtiment, ou dans l'ascenseur, mais à être toujours pomponnée quand même. La scientifique est de celles qui préfèrent s'écrouler dans leur lit après une bonne douche que de passer quatre heures à s'appliquer des crèmes douteuses sur des parties tout aussi douteuses de son corps.
Sarah s'ignore. Sarah, c'est un mental, le physique passe après. Ce n'est que superflu, un corps, dira-t-elle. Pourtant, combien la jalousent ? D'être si naturellement à l'aise avec elle-même, de se moquer de ses doigts boudinés aux ongles parfaitement vernis de couleurs éclatantes. La seule chose qui l'inquiéterait, peut-être, sont ses vêtements. Une passion, ce n'est pas le mot : un devoir, plutôt. D'être toujours sur son trente-et-un. Il faut dire que quand on a vécu dans le secteur deux comme une pouilleuse toute son enfance, on ne rechigne pas à la tâche quand il est question de s'habiller correctement. Alors outre la veste qu'elle porte tout au long de l'année, constamment, ce long trench-coat ceinturé et parfaitement taillé dont la ceinture traine souvent au sol sans jamais être sale le lendemain matin, outre ça, Sarah ne porte jamais deux fois les mêmes vêtements en une semaine. Des chemisiers transparents, des pulls amples mêlés à des pantalons moulants, des bottes hautes en passant par les escarpins ras-du-sol, tout est étudié et la dame est parée à toute éventualité. Son corps gracile, fin, étroit et délicat peut s'adapter à tout, ou l'inverse : tout s'adapte à Sarah. Il faut dire qu'à part une poitrine un rien trop petite à ses yeux - un bon bonnet C, pourtant, mais Edgar et sa lubie des gros seins, ah... - et des cuisses trop potelée, on ne peut guère lui reprocher d'être laide, car elle ne l'est pas. Et même si quand elle retire ses lunettes, le vert bouteille de ses yeux semble vide et terne, quand les cernes creusent sont visage malicieux ou quand ses cheveux, sous la lumière factice ou sous les doigts, ont ce toucher rêche, quand bien même oui, elle s'en moque. Tant que jamais, les cicatrices sur son corps ne deviennent visible alors, jamais, elle n'aura à se trouver laide. Mais ne la mettez jamais face à un miroir une fois nue. Ne faites pas cette erreur. Son corps est un parchemin sur lequel on a trop écrit, trop gratté, trop creusé : son corps est une plaie qui ne cicatrise pas.
MENTAL Quoi, tu veux ma photo ? Qu'est-ce qu'ils ont à tous me regarder de travers encore, aujourd'hui ? Ça commence à bien faire, je vais pas m'écraser toute la journée pour pas encastrer leurs têtes de tapineuses dans la première porte qui passe, faut pas pousser Sarah dans la gueule du vers géant. Merde !
« Bonjour Eléonor, ça va ? Non, non, réponds pas, s'il te plaît. J'ai un mal de crâne pas possible et je sens que ça va pas s'améliorer si tu l'ouvres. Alors tu vois la porte ? Si tu veux pas la voir de plus près, tu la prends. Maintenant. Voilà. A demain, c'est ça. »
Voilà. Sarah, c'est ça. Un franc parler, aucun tact quand elle est fatiguée et surtout, un calme à toute épreuve. Car ne croyez pas qu'elle ait haussé le ton une seule seconde. Pas une instant les intonations dans sa voix n'ont été modifiées d'un iota. Elle s'est tranquillement passée les doigts le long de l'arrête du nez, en indiquant la sortie d'un geste las. D'ailleurs, Madame Beleau n'est pas vraiment du genre à se mettre en colère : elle est souvent fatiguée, souvent exécrable quand elle est au bout du rouleau, mais rarement en colère. C'est comme ça, elle n'y arrive pas. Ses seuls piques de colères sont à l'encontre de sa mère et de son père, quelques fois Edgar quand il la cherche bien, mais sinon...Sinon, elle est juste blasée. Souvent. Tout le temps, en fait. Mais n'allez pas vous fier à ça.
C'est un genre qu'elle se donne. Pour cacher de la tristesse, des fois, mais surtout : un coeur énorme et plein de bonne volonté.
« Dis, Eléonor ? J'ai préparé un peu trop de trop de café et, je me suis dit, tant qu'il est encore bien chaud...Tu en veux une tasse ? Oui ? »
Vous voyez ?
« Et bien vas te la remplir toute seule. »
Mais.
« Je rigole, pardon, j'essayais de détendre...Oui, tiens, voilà. Travaille bien. »
Sarah...C'est aussi ça. Un humour qui tombe généralement à plat ou qui ne fait rire quasiment qu'elle. Mais, ça fait tout son charme, paraît-il. Son petit côté pervers et gêné, sainte-nitouche qui en parle beaucoup plus qu'elle n'en fait, tellement de petits traits de caractères très marqués, mine de rien. C'est encore une jeune femme, mentalement. Si elle est une adulte pleinement assumée, très consciencieuse bien que fainéante au plus au point mais responsable pour deux, ça ne l'empêche pas d'avoir quelques élans d'immaturité volontaire. La faute à son enfance difficile, diront certains. A ses peurs ancestrales d'être dévoilée, sauront d'autres.
Parce que c'est aussi ça, Sarah. Un secret bien gardé. Personne ne sait réellement ce qu'elle pense des choses qui ont lieu tout autour d'elle. On sait juste qu'elle est très appliquée à la tâche, que son mariage bat de l'aile, mais qui saurait dire si son collègue lui plaît, si elle ne crache pas secrètement son venin sur le dos du Roi ? Et ces gens qui meurent au combat, tout ces Rebelles, qu'en fait-elle ? Il semblerait qu'elle fasse comme si rien de cela n'existait. Le R-C Laboratories, pour tout le monde, est sans doute tout ce qui compte aux yeux de Sarah. Ca, son mariage, ses dix heures de sommeil et c'est tout. Personne ne s'est jamais demandé pourquoi elle dormait si peu alors qu'elle est pourtant toujours seule dans son lit. Personne ne sait ce qui la tourmente, toute la nuit, la tenant éveillée, l'empêchant de trouver ce sommeil si réparateur qu'elle aime pourtant tellement. Aurait-elle peur du noir ? Serait-elle effrayée par les coups de feux qui raisonnent encore souvent dans les Quartiers d'Erèbes ?
« Sarah ? J'en ai terminé pour aujourd'hui, je rentre. Passe une bonne soirée et, à demain. Essaie de dormir un peu surtout, tu as l'air épuisée depuis quelques temps. »
Si vous saviez.
Si seulement vous saviez, oui...
| NOM: Beleau. PRÉNOM: Sarah. ÂGE: 37 ans. SEXE: Féminin. SEXUALITÉ: Hétérosexuelle. SITUATION AMOUREUSE: Mariée. PROFESSION: Scientifique aux R-C Laboratories. CATÉGORIE D'ARMES: Distance (Revolver) QUARTIER: Premier Secteur. GROUPE: Noble. NOTES: J'ai une Royale horreur des surnoms, abstenez-vous.
HISTOIRE« J'ai croisé le docteur Hammerstein ce matin, avec sa femme. Quel beau couple... - Je ne te le fais pas dire. Tu crois qu'on formera un couple aussi beau, si Jonas et moi on se met ensemble ? »
Fermez-là, bon sang...
« T'es pas bien, toi ! Il serait incapable de garder une relation aussi longue, ton Jonas ! Non, Mich' et moi, en revanche... - Oh arrête, il baise comme un Misérable, ton Mich' ! »
Et voilà que ça rigole. Que ça me vrille les tympans. Elles vont se prendre un revers de lamelle en verre ces deux-là, quand j'aurai terminé mon analyse...
« Et toi, Sar... - Arrête, t'es folle ?! Elle en est à son troisième café », murmure l'une des pimbêches.
Quoi ? Elles comptent mes cafés ? Mais je vais encastrer mon clavier dans leur visage et on verra si ces abrutis auront toujours envie de les sauter quand elles n'auront plus de dents...
C'était un jour sans, aux R-C Laboratories : un de ceux où Sarah arrive avec les traits tirés et le regard planqué derrière une paire de lunettes à verres colorés. Un de ces fameux jours où, au lieu de lancer un tonitruant "Bonjour à tous !", elle s'enferme dans son bureau en claquant la porte.
Moi quoi ? Elles n'allaient pas oser me demander si ça se passe bien avec Edgar, si ? J'ai l'air d'aller bien ? Est-ce que j'ai l'air d'aller bien ? Bon sang...Et j'en suis pas à mon troisième café, n'importe quoi.
Pour Sarah, ce n'était pas spécialement un jour "sans", au final. C'étaient sept années de "sans" qui avaient fini par ternir son sourire. Comment en était-elle arrivée là, elle ne se posait même plus la question. La thérapie qu'elle suivait, ou plutôt qu'elle s'auto-prodiguait, seule dans son appartement, l'avait menée bien vite à des réponses qu'elle était sans doute la seule à connaître.
Je m'appelle Sarah Beleau. J'ai trente-sept ans. Je suis mariée à Edgar Ruvos depuis sept longues années...Mon père disait toujours que le mariage est une bénédiction : quand on connaît son histoire avec ma mère, on ne se demande même pas si j'y ai cru, à ces conneries.
Évidemment que non.
Je sais que le mariage n'est pas le Paradis sous-terre, ni un bonheur intense. Je crois bien que je n'ai plus été aussi malheureuse depuis mon enfance, mais j'exagère, je sais que j'exagère. C'est parce que j'ai pas eu mes dix heures de sommeil. Je suis épuisée et ces deux minettes qui jacassent vont vraiment finir par m'énerver. Il faut que je me calme. Je vais aller prendre un café, tiens.
« Apprenez à compter ou barrez-vous, on n'a pas besoin d'incapables, ici. »
Tasse à la main, Sarah avance dans le couloir du bâtiment sans un regard derrière elle. Ce qu'il y a de bien c'est que quand elle est de cette humeur, les gens évitent généralement de venir lui parler, outre pour des dossiers importants ou des analyses urgentes. Les pans de sa veste la suivent donc en silence, sans claquer dans l'air, à l'inverse de ses talons qui martèlent le sol à chacun de ses pas. Le reflet des lumières coulent sur les verres de ses lunettes orangées qui cachent si bien son regard perdu et larmoyant.
Je ne suis pas de ces femmes qui pleurent leur amour perdu : je ne crois pas en l'amour, de toutes façons. Ce que je regrette, ce qui me tue doucement, c'est d'avoir perdu Edgar. Mes amis ne comprennent pas, quand j'en parle. C'est parce qu'ils ignorent, forcément. Egard et moi, on s'est rencontrés à l'époque où aucun de nous deux n'était encore en âge de comprendre les guerres intestines qui tuent la cité à petit feu. J'étais déjà assez mature pour mon âge, comprenez-moi bien. Mais la guerre, les rebelles, le Roi, je m'en foutais tellement, de tout ça. Tout ce qui comptait alors, c'était d'être première de classe. Edgard, lui...C'était à peu près la même chose, en réalité. Si au début on se détestait, nous avons fini par réaliser que l'un et l'autre, nous nous complétions. J'étais une nullité sans fin en ce qui concerne l'écrit, lui n'arrivait pas à compter même sur ses doigts, alors...Alors nous sommes devenus amis. Je me souviens encore de la première fois où nous avons dû nous asseoir au même banc : un professeur n'a sans doute jamais autant regretté un choix de toute sa carrière. Les premières heures avaient été un calvaire pour nous et les dernières pour lui, tant nous chahutions et riions pour les mêmes choses. Et tout est né de ça, de là. D'une fille et d'un garçon qui ne pouvaient plus passer un instant l'un sans l'autre.
C'était encore plus beau que cette foutue relation entre le Docteur et sa femme. Tellement plus beau et plus fort, mais aussi si différent... Ce n'était que de l'amitié, pure et dure, splendide, mais que de l'amitié. Enfin, quand je dis que ce n'était que de l'amitié...
La tasse est abandonnée dans la machine à café qui émet un bip strident sous l'ongle affuté et vernis de la scientifique. Le reflet que lui renvoie l'appareil est d'une telle tristesse qu'elle ne peut que serrer les mâchoires et détourner le regard en passant les doigts sous ses lunettes pour se masser les paupières.
Un jour, quand nous étions adolescents, on a fini par...Se découvrir. Il n'était pas mon premier, je n'étais clairement pas sa première. C'était instinctif, naturel pour nous qui avions grandi ensemble. D'ailleurs quand je dis adolescents, c'est faux. Jeunes adultes, plutôt. Le début de la vingtaine. C'était un instant si beau, si tendre qu'Edgar et moi n'aurions pu faire autrement que de croire qu'il était question d'amour. Alors, nous nous sommes abandonnés l'un à l'autre. On s'aimait, du moins on y croyait dur comme fer.
« Madame Beleau ? »
Les talons claquent le sol, sous un sursaut de stupeur. Sarah retire brusquement ses lunettes, les yeux rougis par le manque de sommeil et de caféine : en vérité, elle en est à son sixième café aujourd'hui, si on compte ceux qu'elle a bu avant de venir au travail.
« Oh, excusez-moi, je vous ai tirée de vos pensées ? »
Ah, si tu pouvais me tirer tout court, surtout...
« Ne vous en faites pas, aucun soucis. Je peux vous aider ? »
Les deux scientifiques échangent quelques mots, tandis que Sarah récupère sa tasse à présent remplie pour aller s'asseoir avec son collègue autour d'une petite table ronde impeccable. La discussion chasse d'un coup de balais ses pensées noires, si bien qu'elle parvient même à sourire, quelques fois. C'est sans doute parce que son interlocuteur à ce regard rassurant, cette prévenance qui la fait fondre, cette tendresse qu'elle n'a plus ressenti depuis des années. La main qu'il pose sur son avant-bras en lui parlant réchauffe le cœur mieux que le liquide brûlant qu'elle avale à outrance.
Pourtant, pas un instant elle ne pense à mal, ou juste un peu, comme ça, pas pour de bon. Elle ferme les yeux ou les détourne pour ne pas regarder cet homme qui n'est pas Edgar, qui n'est pas celui qu'elle attend chaque soir en rentrant dans une maison vide, ni celui qu'elle appelle chaque jour pour lui laisser un micro-message inutile. Il n'est personne, qu'un collègue. Personne ne pourra jamais le remplacer lui, c'est un fait, une certitude, et jamais elle ne pourra lui faire une telle chose. Sarah ne connait même pas son nom, à ce type, là. Est-il est marié, s'il a des enfants, s'il connaît des Rebelles, son avis sur le Roi, elle ne sait strictement rien.
Si ce n'est qu'elle est seule, qu'elle doit racheter des cigarettes et que ce soir, en rentrant, elle terminera le plat qu'elle avait préparé pour Edgar hier.
ET IRL?PSEUDO: Emily, Emy ou Dye. ÂGE: Vingt-deux ans. A PROPOS DE VOUS ?: Mon personnage et moi, on porte le même prénom ! C'est tout bizarre... SPONSORISE PAR: Sasha en personne ! Classe, n'est-il pas ? FEATURING: Sylvia Christel de No More Heroes. CODE: |
Dernière édition par Sarah Beleau le Jeu 31 Juil - 3:23, édité 10 fois |
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