C'est toi qui a la Carte?

C'est toi qui a la Carte?

Je suis sûr que c’est par là, t’en fais pas. Dit-il en passant sa main dans ses cheveux. Il portait un long manteau sombre avec une fourrure tout autour du col et des lunettes de soleil qu’il avait remonté sur le sommet de sa tête. Lunettes qui n’avaient aucun autre but que de décorer si l’on prenait en compte sa longue crinière qui lui tombait sur les yeux. Maxime continuait d’avancer avec un pas assuré, e dos droit et le sourire toujours accroché à ses lèvres

RETOUR ARRIERE.

Lorsqu’il est venu te voir pour t’embarquer dans sa nouvelle lubie d’exploration, tu n’as pas su dire non. Tu t’es retrouvé embarquée sur le champ par ses grands sourires et son air surexcité. Il avait vraiment l’air d’un gamin, il faut dire. C’était comme s’il avait trouvé un code pour avoir tous les jeux vidéo gratuitement pendant au moins deux vies. Alors tu l’a suivi jusqu’à l’entrée des souterrains avec la ferme intention de rester avec lui et de profiter de son insouciance…. Enfin c’est du moins ce dont était persuadé ce brave Maxime. Il était persuadé de beaucoup de choses, quel que soit le moment où la situation. Et il s’avérait souvent que tout cela était faux. Mais tant que lui y croyait dur comme fer, ça n’avait pas beaucoup d’importance.

AVANCE RAPIDE.

Maxime continue d’avancer dans la crasse de ces souterrains miteux avec l’air toujours aussi excité. C’était comme une véritable aventure, un moment incroyable. Et tout excité qu’il était, il n’arrêtait pas de parler. « Tu crois qu’on pourrait tomber sur un troll ? Ou un fantôme ? »

- Max, t'est vraiment sur de toi...? J'suis à peu près certaine qu'on a déjà vu cette grille...

Sa voix fluette résonne étrangement dans le souterrain, plus sourde que dehors.

"Je suis sûr que c’est par là, t’en fais pas."

Elle se tourne... Se retourne, soupire doucement.

- Bon.. Si tu le dis.

Faut dire qu'il a l'air tellement sur de lui, depuis qu'il est venu tambouriner à la porte de la blondinette, quelque temps avant.

Nat' s'apprêtait à partir, finissant son repas en tête à tête avec Wilson le rat, quand il s'est bruyamment manifesté. La journée s'annonçait bien, elle avait un tas de trucs, de machins et de bidules à revendre avant d'aller à la décharge...
La tornade blonde et son moulin à parole intégrés était entrée en trombe sitôt la porte ouverte, surexcitée. ... Non, vraiment. Plus surexcitée qu'habituellement.

Alors elle se retrouve là, à tirailler machinalement sa longue tresse échevelée en essayant désespérément de savoir où il l'entraine. Et c'est pas gagné.

- J'espère bien qu'on trouvera pas de troll. Il parait qu'une fois, une énorme bestiole vaguement humanoïde a surgi des souterrains, et a semé la pagaille en ville.
Les gardes ont du s'y mettre à six pour la repousser. Et ils ont même pas pu la tuer ! Elle est retournée d'où elle venait.
'pour ça que les souterrains sont barricadés.

Info ou intox ? En tout cas, sa voix ne laisse rien trahir. Son regard innocemment posé sur le jeune homme non plus.

- Pour les fantômes, c'est plus facile. Suffit d'être plus impressionnant qu'eux et ils s'enfuient.

Oui, elle parle, la miss-muette. Elle l'aime bien, Maxime. Il met de la vie dans son silence, de la folie dans son ordre. Difficile de savoir ce qu'il pense, lui...
En tout cas, il refuse jamais de partager un beignet avec elle.

- Comment t'as trouvé l'entrée, déjà...?

C'est toi qui a la Carte?

« Han ce serait chouette ! » Répondit-il à sa compagne sans faire attention vraiment à tout ce qu’elle avait dit. C’est qu’il ne comprenait pas bien en quoi une bête à peine humaine ne pourrait pas être cool. Et puis un bon combat devrait les décrasser… non ? « Faire peur aux fantômes ? Tu parles, ils vont tomber amoureux de moi ! » Tout en finesse et en mesure, comme toujours. Maxime était toujours persuadé d’être le plus beau et le plus intéressant. Et cela même si des dizaines de personnes lui avaient rabâché le contraire. Comme ce doit être reposant d’être Maxime et d’avoir son assurance, hein ?

PAUSE.

Toi il t’aime bien, mais lui-même ne sait pas pourquoi. Il aime bien tes cheveux blonds, il aime bien le fait que tu sois aussi grande que lui et puis il aime bien ta voix sans doute. Il a toujours l’impression de partir à l’aventure quand il arrive à t’entrainer en dehors de ta cabane. Et il est d’ailleurs un peu embêté que tu sois sa voisine, lui qui refuse que quoiqu’onques connaisse son adresse… Alors il t’as mentis. Il a inventé une excuses comme quoi il vivait avec sa femme avant mais qu’elle l’avait trompé puis viré de la maison. Aaah les mensonges de Maxime. Si seulement il arrivait à s’en souvenir. Vu les différentes versions qu’il t’as sorti, ma chère Natasha, tu dois bien te douter qu’il ment. Alors pourquoi ne pas insister ?

LECTURE.

Maxime tourne à droite, toujours pas fatigue. Tu as l’air de suivre pour le moment et il en est ravi. Il finit par te répondre après ce grand moment d’introspection : « Comment j’ai trouvé .. ? Le talent ma chère, le talent ! » Puis il tourne à gauche d’un air à la fois décidé et hasardeux.

- Je doute que...

Hm, allait-elle réellement essayer de raisonner Max, le Max, CE Max ?
Non, non non. En fait, non. Elle soupire légèrement en secouant la tête, met une pichenette dans la manche de manteau du Prince et finit sa phrase, différemment de ce qu'elle avait prévu de dire à la base.

- ... qu'un pauvre troll te résiste, c'est clair.

Ses rangers battent régulièrement le sol, en absence de rythme avec les pas du blondinet. Leurs sons résonnent, grossissent et se répercutent jusqu'à disparaître, comme pour mieux laisser parler le jeune homme.

-T'aurais l'air con, avec un fantôme amoureux collé aux basques.

Et quelles basques... Nat' le détaille un moment, lui et son manteau à fourrure, ses lunettes de déco et son sourire de bien-heureux.
Sur que c'est pas pour son goût de la mode qu'il l'apprécie, la poupée-crasse. Pas pour son jean's serré et son pull miteux. Pas pour son seul accessoire, cette fameuse fleur en tissu défraîchie.
Mais alors... pour quoi ? Elle se demandait souvent. Parce qu'elle lui tient compagnie, peut-être. Qu'elle sait pas lui dire non quand il trouve une connerie à faire. Qu'elle sait qu'il ment mais qu'elle ne le lui reproche pas.

Chacun ses secrets. Sans doute qu'elle finira par lui demander des comptes. Pour de vrai... Pour parler réellement, un jour.

- Et le talent, il sait aussi jusqu'où on va, ou ça c'est monsieur Hasard qui décide ?

Sa main s'enfonce dans sa poche, triture son couteau, et le petit objet à côté. Ah tiens... C'était pour Max, ça. Plus tard, elle lui donnerait.

- C'est encore loin..?

Pour peu qu'il sache ce qu'il cherche.

C'est toi qui a la Carte?

Maxime portait un énorme sac avec lui, un sac qui ressemblait beaucoup trop à un sac à main pour que n’importe quel homme le porte. Mais étrangement il allait très bien à la princesse que pouvait être Maxime. Et il le trimballait à bout de bras, le faisant parfois trainer sur le sol poussiéreux et crasseux des souterrains. « Tu parles, c’est la classe d’avoir un fantôme amoureux de soi. Bien plus que d’avoir un mec ou une copine toute bête. » Et il continuait à marcher –trottiner serait plus exact- tout en parlant. La pile ne semblait jamais fatiguer.

« On est pas perdus, je sais juste pas tout à fait bien où on est. Mais j’reconnais ça y’est ! Viens ! » Dit-il en attrapant rapidement ton fragile poignet. Et il te traine comme le gros sac qu’il porte à l’autre main et il ne trouve pas ça gênant une seule seconde. Maxime semble animé d’une force surnaturel parfois, comme s’il était bien plus musclé qu’il n’y parait. Mais ce n’était pas vraiment le cas en l’occurrence : Cela provenait sans doute du fait que tu ne lui oppose aucune résistance.

PAUSE.

Vous débouchez finalement sur une sorte de grande sale un peu poussiéreuse mais vraiment colossale. D’énormes tunnels semblent débouchés ici, parfois coupés par des grilles rouillées de la taille d’un bras. Vous ne bougez pas devant la majesté des tags ui occupent les murs et le plafond. Tous ces tags formes une grande fresque magnifique qui semble raconter une histoire fantastique avec un ciel peint au plafond.

LECTURE.

« J’me suis dit que ça te plairait comme décor. » Dit-il d’une voix toute excitée avant d’ouvrir son sac pour en sortir une énorme couverture pour tenir à deux facilement. « J’ai même prévu un gouter ! » Dit-il en sortant une boite plastique cntenant des cookies et des brownies. « C’est moi qui les aient fait ! » Dit-il dans un énorme mensonge avant de s’assoir en tailleur sur la couverture.

Un mec ou une copine tous bêtes. Ben oui, Max... Encore faudrait-il avoir l'un ou l'autre, pour commencer.
La Mis-tresse secoue doucement tête, plutôt amusée. Preux Prince Max jamais ne doute de lui. C'est vrai, ça doit être confortable d'être lui, reposant. Pas comme dans la tête de la blondinette, bardée de doutes et de questions.

- Elle était pas assez bien pour toi, la jolie rousse ? Je l'ai pas revu depuuu-heey !

Ah oui, il a trouvé le bon chemin. D'ailleurs il manque de lui arracher une poignée de cheveux en lui attrapant la main, toujours agrippée à sa natte.
Quelques pas chancelants et elle se cale sur son rythme, trottinant derrière lui sans résister.

- Mais... on.. va.. o-...Hooooo.

Arrêt sur image en pénétrant dans l'immense salle. Les yeux d'Azur s'écarquillent, la bouche s'entrouvre pour laisser sortir un très élégant :

- ... bordel de merde...!

Délaissant un instant l'agitation de Max, elle fait quelques mètres, le nez en l'air. S'approchant du mur, elle laisse glisser ses doigts contre, et effleure la peinture, ébahie.

- C'est superbe... T'es génial Max !

Elle se tourne, avec un sourire, un vrai, aux lèvres. Un rare, un qu'il ne verra peut-être pas, mais pour autant, elle vient lui piquer une bise sur la joue, avant de s'asseoir sur la couverture.
Elle se cale à côté de lui, relève les yeux vers le faux-ciel et répond machinalement :

- Tu les as acheté à la pâtisserie du bout de l'impasse, hm..? Vrai qu'ils sont bons là-bas.
... Comment t'as trouvé cette pièce ? Tu t'rends compte, c'est... beau. Magnifique.

Et de lui jeter un oeil, pour voir ses réactions.

C'est toi qui a la Carte?

Maxime est assez fier de sa trouvaille –qu’il n’a d’ailleurs pas trouvé seul- et l’écoute s’extasier bruyamment avec un sourire tout plein de satisfaction. Le baiser qu’elle lui dépose sur la joue le rend quelque peu gaga, l’espace d’un instant à peine. Et il ne rougit pas du tout d’ailleurs, pas du tout. Il a simplement chaud. Oui c’est ça, juste chaud. Alors il marmonne dans sa barbe qu’il a bel et bien fait les gâteaux lui-même quand il était chez sa sœur –ce qui est un nouveau mensonge- puis il ouvrit la boite pour prendre un cookie et tendre le reste à la jeune blonde. Il se redresse pour retirer son manteau et le plie bien soigneusement pour le poser à côté sur la couverture deux place qu’il avait embarqué pour l’occasion. Ne restait alors plus qu’une marinière à manches longues et un pantalon de cuir souple qui lui emprisonnait les jambes.

PAUSE.

Maxime n’avait jamais été très discret dans sa manière de s’habiller. Extravaguant dans l’âme comme dans la vie de tous les jours, il aime se montrer pour mieux se cacher ensuite. Parce que oui, il n’aime et n’aimeras jamais se répandre sur sa vie personnelles. Personne au final ne sait grand-chose sur lui, et il est très difficile de suivre vraiment les différents jobs qu’il enchaine. Que ce soit des chaines, des sangles, du cuir ou des couleurs flashes, le jeune blondinet n’est pas du genre à se laisser dissimuler.

LECTURE.

« J’avais envie d’explorer un peu dans le coin et je suis tombé ici par hasard. » Dit-il sur un ton égal. Un ton trop égal. Un ton qui cachait un gros mensonge. Un très gros mensonge.

Un baiser, un chaste baiser qui coupe la chique, brièvement, au blondinet... Il n'est pas si sur de lui, quand on l'approche un peu. Un peu, mais pas trop, par les Archanges !
Pas trop, sinon le prince retourne s'enfermer dans sa tour d'Argent et de Diamants multicolores, derrière ses douves de mensonges incandescents et ses pièges de semi-vérités par omission.

Sans commenter le "phénomène", elle attrape la boîte de biscuits presque faits maison, en pioche un brownie qu'elle attaque à pleines dents.
Délicieux. Comme ceux du bout de l'Impasse, mais non... Non, bien sur. Fait main chez sa soeur.

Après tout, peut-elle lui en vouloir ?
Elle aussi, elle cache, elle tait, elle dissimule. Différemment. La poupée-crasse se cache toute entière, préfère se faire oublier que se mettre en lumière pour faire oublier les zones d'ombre.

Nat' non plus, ne parle pas d'elle, pas de son passé, pas de sa famille. Des quelques questions que Maxime a pu lui poser, seules des réponses vagues ont pu ressortir.

Mais bref. Elle n'y pense pas, en cet instant. D'ailleurs sa pensée est attirée par la réponse de Max.
ça sonne faux. ... Très faux. Mais pourquoi ? Les mots sont bons, les phrases sont bonnes, le ton... Ho, le ton. Neutre, calme.
Sauf que depuis le début de journée, le blondinet n'a rien de calme, bien au contraire.

- Hm-mh... Par hasard ? Quel genre de Hasard ?

Son regard d'Océan se fixe sur Maxime, dans le genre inquisiteur. Avec un silencieux "Me dis pas de connerie cette fois !".

- Un hasard à la Max' ?

C'est toi qui a la Carte?

« Chest une longue hishtoire. » dit-il avec un cookie en travers de la bouche. Il avala sa bouchée, s’essuya les lèvres distraitement avant de s’allonger sur la couverture avec un soupir. Il observait le plafond peinturluré en bleu et blanc comme dans un grand tableau d’art contemporain qu’on peut voir dans certains livres d’illustrations. « Mets-toi à l’aise, je vais te raconter. » dit-il en s’éclaircissant la gorge à grand renforts de raclements bruyants.

RETOUR ARRIERE.

Maxime suivait un de ses amis –ou plutôt une connaissance- dans le dédale des couloirs et des allées du souterrain si légendaire. Qu’est-ce qu’ils foutaient là, tous les deux, me dirais-tu ? Eh bien le petit voleur qui te tient compagnie avait fui les forces de l’ordre en grandes pompes –comprends par-là après une énormément longue course poursuite- durant laquelle il avait semblé urgent de semer les poursuivant. Et quoi de mieux pour semer des poursuivant que d'aller s’ perdre dans le dédale des égots et des souterrains ? Et alors qu’ils commençaient enfin à reprendre leur souffle, quelqu’un –Maxime préfère dire que c’était lui- réalisa que de la lumière provenait de l’un des couloirs. Et c’est ainsi qu’ils découvrir le Hall des Tags, comme ils l’ont appelé.

PAUSE.

« Voilà, tu sais tout. » dit-il avant d’enfourner le reste de son cookie entre ses lèvres avec un sourire. Il passa ses deux mains derrière sa tête, comme un oreiller, et recommença à regarder le plafond avec un air rêveur. « Regarde, chelui-là reshemble à un cheeseburger. » Dit-il en pointant du coude l’une des formes duveteuse peinte dans cet océan de bleu.

Crunch... crunch-crunch-crunch. Crunch. Glups.

Et un brownie en moins dans la boîte. Elle a pas l'air mais elle est sans pitié avec les pâtisseries, faites maison ou pas.
Ses mains s'essuient machinalement sur son pantalon déjà d'une propreté douteuse, avant de se joindre sous sa nuque, alors qu'elle s'allonge à côté de lui.

Ses jambes maigrelettes se croisent nonchalamment, et elle scrute à son tour l'immense peinture qui, elle, ne lui évoque absolument rien.
Tout le monde n'a pas eu la chance de se trouver avec un bouquin entre les doigts. Encore moins un bouquin d'Art.

Et elle écoute. ça, elle sait faire... Et laisse même entendre un bref rire en imaginant ses péripéties. Un sale plan comme il sait bien mettre le nez dedans, définitivement. Mais après tout, il en était ressorti entier, et avec un Hall des Tags dans la poche. Enfin, si on veut.

- Y'a vraiment qu'à toi que ça arrive, ce genre d'histoire...
... Dit-elle en toute mauvaise foi, elle qui tombe si souvent dans des coups foireux et fumants bien malgré elle.

Un cookie atterrit par le fruit d'un terrible hasard entre ses doigts, échappé de sa boîte. Son autre bras se lève, indique un nuage éloigné.

- Je me demande ce que c'est censé être. On dirait... Nan, je sais pas. En tout cas, y'a un espèce de... rat géant à sept pattes, là-bas, regarde.
A côté du... de.. Nan, lui il ressemble à rien.

Sa main redescend lentement, frôle le coude du blondinet avant de replonger dans sa poche.

- s'rait cool, d'habiter ici...

Crunch... crunch-crunch. Croc.

Le cookie non plus, ne lui résistera pas longtemps.

C'est toi qui a la Carte?

Il sourit encore. Plus fort cette fois-ci. Plus sincèrement comme diraient d’autres. Et il est tout troublé par cette forme de cheeseburger blanche. Il regarde vers là où tu pointe ton doigt en plissant les yeux. Définitivement il n’arrive pas à voir ton rat à sept pattes. Mais il essaye de toutes ses forces de grand enfant. Il essaye si fort qu’il finit même par pencher la tête sur le côté pour mieux voir. Alors seulement il se permet un éclat : « AH MAIS OUI ! A CÔTE DU HAMBURGER LA ! » Ne nous mentons pas, Maxime avait très faim. C’est que ça ouvre l’appétit de marcher à ce point. « S’rait cool, d’habiter ici… Dis-tu alors d’un air rêveur. Maxime t’écoute à moitié, perturbé par le contact précédent que tu lui as offert. Décidément il n’est pas très a l’aise avec les jolies filles.

« Ce serait un peu trop aventureux pour moi… » Finit-il par dire d’une voix un peu trop rabat joie à son propre gout. Il se redressa un peu et, d’un geste maladroit, replaça une mèche derrière l’oreille de la jeune blonde. « Il paraît qu’une partie des souterrains mène à une porte lourdement gardée. Peut-être même que c’est le Donjon du Roi… » Dit-il comme s’il te racontait une histoire d’horreur. « On se ferait arrêter comme si on était des rebelles et jetés en prison pour le restant de nos jours…. » Maxime tressaillis un peu. Il était déjà persuadé que c’était ce qui l’attendait avec ce qu’il avait fait à ce Garde quelques mois plus tôt.

Comment ça, le rat à sept pattes n'est pas clairement visible ? Wilson l'aurait reconnu, lui. C'est sur. Encore qu'en y regardant bien, ça ressemble autant à un rat mutant qu'à sept bouteilles alignées... ou un maison avec sept colonnes.

Un léger sursaut agite la miss-tresse, à l'éclat de voix révélateur, suivi d'un autre léger rire, alors qu'elle incline à son tour la tête, pour voir ledit sandwich, elle.

- Un hamburger... Han ! Oui, on dirait un baba au rhum !

Elle aussi, elle a faim... Et puis, chacun ses références gustatives. D'ailleurs, croc... Crunchy-crunch. Disparu, le cookie.
Et disparu, le sourire rêveur. Trop aventureux pour Max ? A-t-elle bien entendu ?

- Comment ça trr... o..op.. ?

Silence radio. Que fait ce prince là, à demi redressé, à lui faire discrètement comprendre qu'elle s'est coiffée avec un pétard d'un geste embarrassant et pourtant pas désagréable ?
Il avait raison, fait chaud ici. Pour ça que ses pommettes viennent de prendre une teinte de synthé-tomate gavée au colorant industriel.

La bonne nouvelle, c'est qu'elle blêmit rapidement en l'entendant, ce qui lui redonne une teinte assez équilibrée.

"Comme si on était des rebelles". Comme si, Max. Elle flippe un peu, un instant. Pourrait-elle lui porter préjudices si on les voyait ensemble ? Oh que oui, ma petite.

- Tu... tu crois que c'est vrai..? Sans doute qu'il est gardé par ... des trolls. Mais t'es trop malin, ils t'attraperont pas... Tu sais bien.

Sa main vient ébouriffer doucement la tête blonde, comme pour le rassurer.

C'est toi qui a la Carte?

« Ah ça ! Ils m’attraperont jamais c’est sûr ! » Dit-il avec un sourire, pour dissimuler son rosissement persistant, légèrement caché par sa trop longue frange qui lui tombe sur les yeux. Ces yeux d’un bleu pur qui, pourtant, reste caché. Vous avez l’air malin tous les deux. Parce que si tu crois qu’il n’a pas remarqué le rosissement de tes pommettes, ma grande, tu te fourre le doigt dans l’œil. Mais il fait comme si de rien n’était, mangeant un brownie comme un lapin affamé découvrirait une laitue fraiche. « Mais c’est pour toi que j’m’inquiète. J’me demande comment je te sortirais de ce pétrin. » ajouta-t-il sur le ton de la rigolade.

PAUSE.

Le blond se demande rapidement à quoi il joue. C’est comme si il venait d’emmener une fille à un pique-nique romantique. Il n’avait même pas pensé à ça avant. Mais c’est vrai qu’il avait vu un truc dans ce genre dans un des livres qu’il avait lu pendant qu’il travaillait chez le libraire. Une histoire romantique un peu assommante mais rudement addictive qui l’avait étreint pendant facilement trois jours. Trois jours pour lire un livre. Il était pas tout neuf en plus ce bouquin. Quelque chose comme sept ans. C’est dans le genre vieux pour les livres disponibles dans le second district. Mais on s’égare là. A quoi il joue avec toi, ma grande ? Et puis est-ce que ça lui déplairait vraiment de fourrer ses doigts fins dans tes mèches blondes claires ?

RETOUR ARRIERE.

Maxime, rouge comme une pivoine, évite de croiser ton regard comme il peut. Il commence à dépiauter un brownie qui n’avait rien demandé pour le manger petit bout par petit bout. Finalement il lâche un discret et hésitant petit : « J’aime bien trainer avec toi. ». Bon, il trouverais pas mieux comme compliment. La grande bouche semblait s’être soudain calmée. Puis il reprit, d’une voix plus tonitruante que d’ordinaire : « REGARDE ! CELLE LA ON DIRAIT UNE LICRONE ! » Est-ce que le dieu du mensonge venait de bafouiller ?

Ho, la belle paire de tartelettes à la fraise. Il rougit, elle rosit... Il regarde ailleurs, elle détaille les lunettes qui font office de couronne au prince...

A tâtons, elle attrape un autre gâteau, qu'elle triture sans le manger, plus pour se donner une contenance que se nourrir. De sa main libre, elle pousse un peu Max en l'entendant, amusée.

- J'suis pas une Damoiselle en détresse, hey ! J'sais me sortir toute seule des mauvais pas. .. En général.

En général. Et là, c'est un mauvais pas, dans lequel vous vous enfoncez joyeusement...?

Nat' ne sait pas lire. Elle n'a pas appris. Alors, forcément, elle n'a pas pu lire d'histoires romantiques à l'eau de synthé-rose... Peut-être même que ça l'a empêcher de lire des trucs intéressants. Et qu'elle serait plus cultivée, si elle avait su déchiffrer ces drôles de symboles mis bout à bout.

Mais, quand même. Même sans avoir lu ces bouquins de vieux magistrats en manque d'amour, la situation lui semble... A minima, inhabituelle. Et pas désagréable, en plus. C'est sympa, d'être avec Max.
Reste à savoir sympa jusqu'à quel point.

Puis, hop, le petit mot gentil étouffé par un vagissement fin et délicat. Elle lève le nez instinctivement, sans vraiment chercher la CRONE de LI, et rabaisse les yeux sur son compagnon de fortune.

- Moi aussi. J't'aime bien.

Attaque en traître pendant qu'il regarde sa licrone, et un baiser se pose sur sa joue encore rose. Regard qui retourne fouiller avec une attention exagérée le faux-ciel, de nouveau allongée sur le dos. Innocence totale.
A peu de chose près, elle lui assurerait que "c'est pas moi !!".

C'est toi qui a la Carte?

Maxime préféra ne rien ajouter et continua de regarder le plafond avec un air passablement ahurie. Il s’était rallongé un peu vite et les lunettes étaient tombées de sa tête. Dans le large mouvement, sa frange s’était également écartée pour laisser refléter le bleue pure de ses iris dans la lumière tamisée qui s’échappait d’un endroit du plafond. Un trou vers une rue peu fréquentée sans doute. Il était toujours aussi rouge et préférait ne pas faire de remarque sur le fait qu’il s’était trompé dans son mot, préférant sans doute te laisser penser qu’il avait fait exprès pour te faire sourire –allais-tu vraiment penser ça ?

Puis soudain son regard s’éclaircit et il attrapa son sac sans vraiment se redresser pour en sortir un livre blanc de la taille de son avant-bras sur lequel était écrit « Cursus scolaire 1 ». Il s’éclaircit la gorge et finit par dire. « Comme tu avais l’air gênée de pas savoir lire… J’ai volé un livre pour t’apprendre. Enfin si t’es d’accord hein ? J’veux pas te forcer… » Pourquoi tu le fais rougir comme ça ? Maxime ne comprends pas. Avant d’entrer dans ce maudit souterrain il te voyait comme une sorte de sœur dont il devait prendre soin et le voilà en train de rougir parce qu’il te propose des cours particulier –ça aussi c’était dans un livre… Mais un peu plus adulte.

Il essaye de s’éclaircir la gorge mais finalement s’étouffe à moitié et se redresse soudainement pour éviter de mourir. Il tousse comme ça pendant une bonne minute entière avant de se tourner vers toi. « Désolé… koff. C’est rien… Koff… » Il en avait les larmes aux yeux, le petit blond.

Qui aurait cru qu'ils serait aussi bien assortis, les deux benêts ? Le même rouge qui leur va si bien au teint... le même Azur dans le regard, qui se marie si joliment à leurs tignasses blondes respectives.

Crunch... Crunchy-Crunch. cronch.

Faut bien s'occuper les mains, et c'est l'innocent gâteau qui s'y colle, lui évitant en plus de devoir ouvrir la bouche, elle non plus.
D'ailleurs, elle décide de ne pas relever le raté Licronéen. Pas qu'elle soit dupe de son aspect volontairo-humoristique, non. Mais elle se sent tellement capable de se mettre a bégayer sans prévenir qu'elle préfère être clémente. Au cas où.

Elle se redresse sur les coudes, une fois le gâteau exécuté sans même une chance d'en ressortir, au moment où il s'agite, lui aussi. Son regard le suit, intrigué... Un livre. Tiens donc.
Aurait-il oublié déjà avec quel embarras elle avait été forcée en fin de compte de lui avouer qu'elle était illettrée ? Il n'oserait pas lui reproposer un roman "policier" à lire...?

Ha ! Que Nenni, ma brave naïve. Bien mieux. Mille fois plus gênant !
Voilà. C'est du Maxime. Du Grand Maxime, devrait-on même dire. L'intention est adorable, la concrétisation aussi étrange que dérangeante, et pourtant. Pourtant ! ça part tellement d'un bon sentiment qu'on oublie qu'on se sent ridicule pour lui marmonner un :

- Ho.. heu.. heu... Oui. Oui ! C'est.. super gentil.

Fort heureusement, l'ignorance de la blondinette lui épargne l'embarras supplémentaire de trouver la situation potentiellement déplacée et replaçable dans un livre érotique. Voire Pornographique.

- T'es sur ? ça te dér- Hey !!

D'un bond elle est contre lui, alors qu'il s'étouffe joyeusement. Franchement, on a connu plus fin comme technique de rapprochement.

- Hey... Mais, mais... respire !!

A genoux à côté de lui, elle le retient d'un bras contre elle pour qu'il ne bascule pas, et de l'autre elle frotte son dos, dans un geste rapide et certainement assez inutile.

- Tssst... Y'a d'autres moyens de demander des câlins, idiots. ça passe...?

Pour le cours de lecture, on repassera. Elle a aussi omis de lui dire qu'elle connaissait pas les premiers gestes de secours.

C'est toi qui a la Carte?

« Je vais bien… koff. » Dit-il en rougissant tantôt par l’étouffement que par la proximité dérangeante et agréable de sa poitrine contre son épaule. Comment en arrivait-il à ce genre de pensées ? Lui qui te considère presque comme une sœur depuis les années durant lesquels vous avez trainé ensemble. C’est presque surnaturel pour lui, cette situation. Il est tout troublé le pauvre petit et il sait plus vraiment comment on fait pour parler. Sans doute la proximité d’une poitrine –même cachée par des vêtements- trop près de son visage qui le met dans tous ses états. Alors il attend que tu recule pour s’éclaircir à nouveau la gorge et pourquoi pas continuer à parler. Finalement tu t’écartes de lui pendant qu’il souffle un bon coup. Il a envie de te dire que tu sens bon mais son cerveau l’en empêche –ou plutôt son sens de la moral. « On va pas faire ça maintenant tout de suite hein ? Pour le moment on goute et on fera ça demain ou après-demain quand on aura du temps. »

PAUSE.

Lui ne voyait pas de problèmes à t’apprendre à lire. C’était un excellent cadeau qui, par-dessus le marché, ne coutait que du temps et de la patience –et quelques gouttes de sueurs pour voler le livre. Alors penser une seule seconde que ça pourrait te gêner… penses-tu ! Jamais ! C’est comme le fait de douter ne serait-ce qu’une seule seconde qu’il pourrait être un mauvais professeur. Lui qui ne sait pas très bien lire et qui est un peu lent quand il le fait… Il n’a pourtant pas hésité une seule seconde pour te proposer de t’apprendre. Il doit sous-estimer le travail qu’il te propose, j’imagine.

LECTURE.

Il avance la main vers la boite pour se rendre compte qu’Il ne reste plus que trois pâtisseries dedans. Il attrape un brownie nonchalamment et le dépiaute lentement pour le manger tout aussi lentement. Pas besoin de se presser puisqu’il compte bien lui laisser la dernière friandise. Il retourne à l’observation des alentours avec patience, regardant les formes duveteuses et blanches peintes sur le plafond ainsi que les formes rocailleuses et les maisons faites sur les parois. C’était vraiment magnifique. « J’adore être ici. »

Si on lui avait dit un jour que sa poitrine d'adolescente pré-pubère ferait des émules, c'est clair que la poupée-crasse aussi, se serait étouffée. De rire, pour sa part. Et ce n'est pas peu dire, parce que pour la faire rire, faut se lever tôt.

D'un autre côté, si on lui avait raconté qu'elle se retrouverait rougir comme une môme qui découvre ses premiers émois, à cause de ce petit con insouciant et écervelé de Max, elle n'aurait pas fait plus fière figure. Au mieux, elle aurait raillé. Au pire, elle aurait frappé.
Merde, quoi. C'était comme... Comme son frangin ! Un semi-grand frère sur lequel elle devait quand même gardé un oeil, au cas où. Parce qu'il fait celui qui contrôle tout mais qu'elle sait bien que des fois, ça dérape.

Comme leur relation fraternelle, oui. Exactement. ça dérape. Bordel.

- 'key, plus tard. Et me r'fais pas des peurs comme ça.

Le retour des phrases laconiques et quasi-monosyllabiques. Le ton morne et moralisateur, pour mieux étouffer les élans anti-fraternels qui la poussent à renâcler, au moment de le lâcher.
Un pas, deux pas en arrière. On respire mieux, par ici. Le coeur bat moins vite. C'est même un peu moins intéressant.

Du coup, elle enfonce ses mains dans ses poches, le nez à nouveau levé vers le plafond, un silence répondant à l'aveu extatique du prince.
Clic... clic... clac. Ouvrir, fermer le couteau. ça aide à passer la nervosité.
Et tiens... Ah oui, tiens.

Ses doigts s'enroulent autour de la chaînette dorée pour l'extirper de sa poche et la monter juste devant les yeux de Max, laissant se balancer lentement un pendentif ancien, soigneusement nettoyé et poli, incrusté de pierres -sans doute- précieuses et finement ciselé. Un bijou à l'ancienne. Un bijou de noble tombé par le plus pur des hasards entre les mains sales de la jeune femme pendant qu'elle fouillait la décharge.

- Pour toi.

Comment en est-elle revenue à son quasi-mutisme, tout à coup ? Max, s'il sort suffisamment le nez de son petit monde s'en apercevra sans doute. Ne s'en offusquera peut-être pas. Après tout, il la connait, la frangine. Non ?

C'est toi qui a la Carte?

« C’est pour me punir de t’avoir fait peur que j’ai plus droit qu’à des phrases monosyllabiques ? » Te dit-il sur le ton de la plaisanterie. Mais il ne plaisante pas le bougre. Il sait qu’il doit faire attention quand il traine avec toi à ne pas te laisser te refermer sur toi-même. Alors il se montre vigilant et n’hésite pas à te faire des remarques sous formes de petites blagues pour que toi aussi tu fasses attention à lui parler. Au final, tu n’auras sans doute jamais autant parlé qu’avec Maxime. Le blond, quant à lui, continue de manger sa pâtisserie avec une lenteur exagérée alors que tu joues avec un couteau –ou que tu fouille dans ta poche, il n’arrive pas bien à déterminer. C’est alors que tu sors quelque chose de ta poche en le brandissant devant toi. « Pour toi » que tu clame bien fièrement. Le bijou semble précieux et Maxime l’attrape par le pendant pour l’observer plus minutieusement avec un sourire éblouit sur le visage.

PAUSE.

Okay il va falloir voir à se calmer mon grand. Il observe le pendentif avec une larme à l’œil, prêt à verser sa mélancolie dans le Hall des Tags. C’est que c’est la première fois qu’on lui offre un cadeau qui n’est pas une de ses arnaques depuis des années. Il est excessivement touché. Sans doute un peu trop.

LECTURE.

Maxime se redresse à son tour et vient te prendre dans ses bras –cette fois-ci sans mourir à moitié. Il est tellement ravi de son cadeau qu’il n’a pas l’air de réussir à aligner de véritable remerciement. Il se cache d’ailleurs derrière ton épaule pour dissimuler habilement la petite larme qui lui coule du coin de l’œil gauche –la traitresse.

"C'est pour me punir...?"

La poupée-crasse grimace légèrement en l'entendant. Elle ne s'est rendu compte de rien, sa carapace se remettant en place toute seule, comme le système de défense bien établie qu'elle est.
C'est insidieux, les défenses inconscientes. On ne les voit plus, on les oublie et parfois même, on parvient à les effacer. Mais il suffit d'un rien... Parfois même d'un rien qui n'a rien de dangereux, et elles reviennent aussitôt.
Elles se dressent à nouveau pour vous couper des autres, "pour votre bien".

- Dis pas de bêtises, Max. C'est... La fatigue, surement. Même si tu m'as quand même fait flipper.

Oublions. Elle se concentre sur le cadeau.
Elle se souvient bien, quand elle est tombée dessus.

Il y avait tout un tas de meubles de riches, jetés en vrac, même pas récupérables pour faire la maligne en le fichant dans son taudis. Et puis, au moment de pousser un petit meuble en faux bois...
Cling... Cling.. Clong.
Elle avait dû y regarder à deux fois pour trouver le pendentif, coincé dans le fond d'un tiroir, la chaîne accrochée entre deux bouts de synthé-planche.
Hors de question de le revendre, elle serait passée pour une voleuse. L'offrir à Maxime s'était donc vite imposé à elle. En espérant que le cadeau lui fasse plaisir...

... Et justement, elle a l'air d'avoir taper juste.
Du moins, c'est comme ça qu'elle comprend l'inhabituel silence du blondinet, et son soudain rapprochement.

Mayday, Mayday ! Contact corporel imminent...! On fait quoi, capitaine ?

Après une longue seconde de simili-panique, Nat' rabat timidement ses bras dans le dos du prince, avant de s'y arrimer un peu plus sûrement.
Finalement, ce n'est pas SI désagréable.

- Il... Il te plait, alors...? C'est pas grand-chose, t'sais.

La voilà qui comble le silence de Max. On aura tout vu.

C'est toi qui a la Carte?

Maxime te serre fort contre lui, très fort. Pour te remercier de ton cadeau et un peu parce qu’il aime le contact chaud de ton corps contre le sien. Alors il reste là, sans rien dire ni sans rien te répondre. Il te serre fort aussi pour cacher sa larme et il reste silencieux pour ne pas trahir ses émotions. Et lorsqu’il est certain de pouvoir maitriser sa voix : « C’est le plus beau cadeau qu’on m’a fait depuis longtemps. » Dit-il finalement d’une voix plus égale qu’il ne l’aurait pensé. Il se félicita mentalement de ne pas fléchir devant la donzelle.

PAUSE.

Et il ne bouge pas, le blondinet. Il reste là pendant un moment et regarde tes cheveux blonds –encore plus blonds que les siens- et longs. Et il se demande s’il vient de t’embarquer dans une galère en t’emmenant dans les souterrains. Et même si c’était vraiment une galère, le regretterait-il ? Sans doute pas, ça valait le coup d’œil comme endroit. Et puis il allait falloir se décider un jour : Allait-il tenter quelque chose avec toi ? Allait-il essayer d’embrasser la fille qu’il considérait depuis tant de temps comme une amie pour ne pas parler d’une sœur ? L’angoisse grimpait peu à peu en lui.

LECTURE.

Et alors que vous ne bougez pas d’un centimètre, que vous semblez plus proche que jamais, un bruit de pas attire l’attention du jeune Dolores. En quelques secondes à peine, il a tout ramassé sur la petite esplanade –y compris la couverture- et il attrape ton poignet pour aller se cacher dans l’ombre de l’un des tunnels. Vous retenez votre souffle alors que deux hommes –faisant facilement une tête de plus que lui- apparaissent là ou ils s’étaient trouvés quelques instants auparavant. « Je te jure que j’ai entendu quelqu’un parler, Sven. » et l’autre de rétorquer. « T’entends des voix Nicolas, c’est tout. » Mais un tout petit objet attire l’œil de Maxime, un petit objet en forme de lunettes de soleil. « Merde… » Souffle-t-il entre ses dents.

Le silence reprend ses droits, et Natasha ne prend cette fois pas la peine de le troubler, si ce n'est par son souffle régulier qui résonne à peine dans l'immense pièce.
Elle pose doucement sa joue contre l'épaule de Maxime, frôlant son dos du bout des doigts, presque timidement. Malgré tout, elle ne fait rien pour se défaire de son étreinte, qu'elle se surprend même à savourer, les yeux mi-clos.

« C’est le plus beau cadeau qu’on m’a fait depuis longtemps. »

Elle hésite à répondre que c'est pareil pour elle. Non, pas juste la promesse de cours de lecture... Mais cette demi-journée toute entière. Le Hall des Tags, sa présence, et, bordel, cette étreinte.
Elle en oublie qu'ils sont dans les souterrains, qu'elle devrait rester en alerte et que, malgré ce qu'il en pense, c'est miss-tresse qui pourrait apporter des ennuis au prince, si des gardes passaient par là.

Pas le temps non plus de se demander ce qu'il se passerait si, là, par hasard, elle frôlait ses lèvres des siennes. Si la relation fraternelle tournait à l'inceste.
Pas le temps parce qu'un bruit de pas brise le charme et qu'en une seconde, tous deux sont sur le pied de guerre, sans avoir à échanger un regard. Les affaires sont remballées en quelques mouvements, et elle se fait happer vers un couloir noir.

Sven, Nicolas. Des rebelles. Pas des génies, pas des hauts-placés dans la hiérarchie. Mais des gars qu'elle a déjà vu, et qui la reconnaîtront certainement eux aussi.

Non... non non non, c'est pas bon du tout ça ! Allez les mecs, on circule, on ne s'attarde pas... Pas de voix, personne dans le coin. Je n'veux pas qu'il sache, j'veux pas devoir le mêler à tout ça... Allez on dégag-

"Merde..."

... Ok. Raté.

Les deux hommes se tournent d'un bloc, en simultané avec la blondinette qui fusille le bavard des yeux.
Système d'urgence enclenché.
Elle l'attire contre elle d'un geste sans appel, et plaque ses lèvres aux siennes un instant avant que les rebelles ne les aperçoivent, alertés par son juron.

C'est toi qui a la Carte?

Il était accroupi près de toi, le dos contre la paroi froide de pierre sculpté. De là ou vous étiez, vous étiez invisible aux yeux des deux montagnes de muscles –c’est comme ça que Maxime les voyaient en tout cas. Mais impossible de les regarder, surveiller, de là où vous étiez. Impossible de savoir ce qu’ils…

PAUUUUSE.

Qu’est-ce que quoi? Comment? Tu l’embrasse soudain. Tu l’as embrassé nom d’une chiure de mouche ! Maxime se laisse aller, te rends ton baiser sans vraiment savoir que faire. Ouvrir la bouche ? Non c’est sale. Et puis c’est pas assez chaste. Et puis il ne veut pas que tu penses qu’il n’attendait que ça. Même s’il n’attendait que ça. Il n’attendait que ça ? Même lui n’en savait foutre rien. Et puis est-ce qu’il trouvait vraiment ça important ? Là tout de suite, non. Il préférait s’abandonner à tes lèvres. Les chérir, les dorloter. Les cajoler du bout des lèvres. Tendrement, chastement. Malgré l’âge que vous avez, aucun de vous deux n’a l’air vraiment à l’aise. Mais la chaleur qui envahis vos joues et votre poitrine n’a pas de prix. Il se love contre toi en glissant une main derrière ton dos. Mais il est temps de sortir de cette moiteur agréable.

LE-LEC-LECTURE.

« Hey mec, j’avais raison! Y a un couple qui se… » « Natasha ? » Comment ces deux hommes peuvent-il connaitre le prénom de sa charmante compagne ? Maxime ne comprends pas, et n’a juste pas la capacité de le faire. Son cerveau est encore tout engourdis par ce qu’il vient de se passer. « Je… Bonjour ? » On va partir du principe qu’il l’a fait exprès, hein ?

A quoi est-ce qu'elle joue, la miss-tresse ? Qu'est-ce qui lui est passé en tête pour qu'elle se retrouve contre le prince blond, lèvres à lèvres, les mains nerveusement accrochées à sa marinière ?

L'idée de base était simple... L'embrasser, raconter aux deux rebelles qu'elle l'avait entraîné là pour lui conter fleurette, et donc... donc espérer qu'ils partent sans poser de questions, sans prononcer le mot ni évoquer même l'idée de la rébellion.

Voilà. L'idée de base était simple.
Puis, la concrétisation... Et là, le dérapage. Son cœur qui bat la chamade, ses joues qui tournent rouges, très rouges, et puis cette délicieuse chaleur qui lui prend le ventre et la poitrine.
Elle s'attendait à pas mal de choses, mais pas à ça. Pas à vouloir prolonger l'étreinte au moment où les deux loustics arrivent finalement. Il lui faut une volonté de fer pour s'arracher à Max, le souffle court.

D'une voix légèrement rauque, elle articule un misérable :

- Salut, les gars.

Le plan tombe à l'eau, la blonde tombe dans le vide.

- Vous...Tu... faites quoi ici..?

Allez savoir pourquoi, ses mains restent agrippées au pull du blondinet, sans raison aucune. Incapable de se lever, la poupée-crasse, avec ses jambes qui ont décidé de la lâcher. Débandade totale.

- J'pens... pensais que l'en-.. endroit serait tranquille.
- Hahaha ! En v'là une belle ! C'est ton mec ?
- Mon.. mon.. Tu... Non..?
- Ou alors tu recrutes, c'est ça ?
- Nico... tu l'embarrasses, la Merdeuse..

Nat' tousse bruyamment, le regard vaguement paniqué.

- Recruter ? Que quoi ? Non, non non non, pas du tout ! C'est juste un ami !
*Se tournant vivement vers Max*
- Hein, t'es juste un ami ?

C'est toi qui a la Carte?

Maxime était assis le cul dans la crasse et les idées bien plus hautes dans les airs. Il t’avait embrassé. Non, tu l’avais embrassé. Il n’était plus capable de dire qui avait fait quoi ni quand ni comment de toute manière. Il observait les deux gus avec un air à moitié ahuri, les joues plus rouges que roses. Sur son visage béat, sa frange blonde glissait pour montrer des yeux mi-clos comme s’il avait pris le meilleur shoot de drogue de sa vie. Mais ce n’était que son cerveau qui avait produit un surplus d’adrénaline et d’endorphines et qui lui avait laissé un corps agité par les émotions. Tant agité que lorsque l’un d’eux lui adressa la parole, le blond eut un mouvement lent vers la tête brune afin de lui demander de répéter. Mais ce n’était pas à lui qu’il parlait et personne ne remarqua que Maxime avait essayé de parler de toute manière. « Hein, t’es juste un ami ? » Maxime sourit et répondit avec plus d’assurance qu’il ne l’aurait pensé : « Jusqu’à preuve du contraire… »

Puis enfin son cerveau se réveilla.

PAUSE.

Ils venaient de parler de recrutement? C’était qui ces types ? Des gardes ? Ils n’en avaient pas l’air. Plutôt des rebelles. Etaient-ils armés ? Maxime se doutait que oui. Mais que pouvaient-ils faire dans les souterrains en plein après-midi ? Et qu’est-ce que Natasha avait à voir avec ces histoires de rebelles ? Se pourrait-il qu’elle en fasse partie ? Et qu’est-ce que ça pouvait bien lui faire de toute manière ? Il avait tué un magistrat, son seul refuge serait les rebelles de toute manière. Peut-être que ça l’arrangeait au final ? Non tout cela allait trop vite, il avait besoin d’explications.

LECTURE.

Maxime secoua rapidement la tête pour se remettre les idées en places. Il passa sa main sur son front, comme pris d’une soudaine migraine et tourna le menton vers son amie avec un œil découvert. Un œil plein de questions sans réponses. Il ouvrit la bouche une fois, puis deux, et finit par dire : « Alors, vous êtes des rebelles.. ? » Le plus grand lui lança un regard fier, haussant le menton et bombant le torse. « ça s’pourrait. » Cette journée promettait d’être looongue… Très longue.