| Fai'z Al Zarqa' - Blame it upon a rush of blood to the head. ❘ Fai'z Sujet: Blame it upon a rush of blood to the head. ❘ Fai'z Dim 23 Mar - 23:33 | |
| « Donc, non, je ne crois pas au Diable. Je n’en ai pas besoin, l’homme a commis suffisamment d’horreurs pour m’impressionner. Donnez aux humains la possibilité de se comporter de façon monstrueuse et vous ne serez jamais déçu. » PHYSIQUE Notre groupuscule se serrait les coudes autour de la loupiotte, cherchant désespérément un minimum de chaleur. En vain, malheureusement. A vrai dire, le mieux équipé restait encore Fa’iz, le visage emmitouflé dans son chèche -ou son foulard de gonzesse, comme on aimait bien l’appeler- et sous son épais manteau. En attendant, c’était celui qui se les gelait le moins à l’instant, et ce en comptant qu’il frissonnait tout de même. Les plus frileux étaient toujours plus prévoyant. Lui-même le disait. Pourtant je me doutais que ce n’était pas la seule raison pour aller se cacher là-dessous. Y’avait toujours la possibilité d’un semblant de culture tentant de résister au temps, mais peu de gens accordaient encore de l’intérêt à ce genre de futilité, et sa peau bien plus hâlée que la notre suffisait à affirmer ses origines. C’est pour ça que moi, j’étais persuadé qu’il cherchait à se cacher. Quoi ou de qui, j’aurais pas su dire. J’avais ma petite idée sur la question, à cause des rumeurs et de ses propres paroles, mais rien de sûr. Ma seule certitude était que là, sous le lin pourpre, se cachait un véritable roman photo ; des cicatrices, par dizaine, petites et grandes, profondes ou pratiquement effacées. Les fois où je les avais vues se comptaient sur les doigts de la main, et ça faisait pas mal de temps qu’on se les gelait quotidiennement ensemble. Je n’arrivais pas a en croire mes yeux la première fois ; ma réaction avait été soudaine et surtout bruyante. Encore maintenant, je me demandais comment je pouvais encore me tenir là, après un tel affront, à pas un mètre de lui et ce sans sentir un regard noir sur moi. Fallait dire aussi qu’avec son truc sur la gueule, là, on ne pouvait apercevoir que la pointe de l’iceberg -à peine plus de balafres qu’un autre gars de son âge. Alors quand on apercevait le toute, ça retournait un peu l’estomac. Je me surprenais à le fixer intensément, jusque là perdu dans ma réflexion. Il me fallut encore une poignée pour réaliser qu’il me le rendait bien. Ses yeux trahirent bien vite toutes tentatives de camoufler ses émotions, riant à ma propre surprise. J’avais de la peine à croire qu’à notre première rencontre, j’eu pu trouver ses iris froides et intimidantes. Maintenant, en soutenant son regard, je remarquais les pattes d’oies naissantes au coin de ses yeux qui m’avaient échappé la première fois. Au final, à part au boulot et lors des premières heures du matin, son regard n’avait rien de si menaçant. Cerné, mais doux. Son attitude dégageait quelque chose de rassurant. Je n’aurais su dire si c’était la bête impression de se trouver avec en présence d’un aîné, mais c’était tout aussi agréable. Entre deux, l’intéressé avait quitté son siège pour faire les cent pas, boitillant légèrement devant l’avant poste. Un incident d’enfance, disait-il, trop vieux pour pouvoir y faire grand chose ; aller se faire greffer un membre cybernétique pour soigner une démarche légèrement claudicante ne valait pas le coup. De ce que je savais, Fai’z était suffisamment satisfait de son corps pour ne pas vouloir troquer quoi que ce soit, et il avait raison. Avec sa taille correcte –malgré les quelques centimètres nous séparant qui eux, l’enquiquinait royalement, mais j’avais une grande part de responsabilité dans son agacement- et suffisamment de muscle pour avoir un bon crochet du droit, Fai’z s’en sortait plutôt bien. Sa patte boiteuse ne l’empêchait pas non plus d’aller se fourrer à des hauteurs improbables, ni même de continuer à tourner en rond devant moi. Enfin, tout cela restait difficile à juger, sous ses couches de vêtements. On se contentait tous d’estimer, jusqu’au moment où monsieur trouvait enfin un local assez chauffé à son goût pour retirer quelques couches. Les jours les plus chauds, on pouvait le voir en tunique, mais c’était rarissime. C’était lors d’une de ses journées que j’avais entraperçu les écritures serpentant autours de ses mollets. Un passage d’un bouquin, ou des poèmes ; pour être franc, j’étais trop occupé à me remettre de ma nouvelle découverte pour écouter l’explication. Fai’z ne manquait jamais de surprise, et je savais pertinemment qu’un pauvre tatouage n’en était qu’une parmi tant d’autre.
MENTAL Avec lui, on pouvait tailler de vraies conversations sans s’arrêter sur les sujets abrutissants tant chéri par le corps militaire. Enfin, je mentirais si je disais que je ne les aimais pas moi-même, mais passer du temps avec Fai’z me faisait changer d’air, et ça c’était agréable. Je sais pas si c’était un syndrome de son attitude de vieux, mais ce type avait une sacrée culture littéraire. Ça ne m’aurait pas étonné que la plupart des ouvrages se trouvant à Erèbe soit passé à un moment ou un autre entre ses mains ; si encore on ne les lui avaient pas prêté, il les aurait chipé. C’était lui-même qui m’avait raconté qu’il lui était arrivé de se faufiler chez autrui pour lire dans ses ‘jeunes années’, et qu’il n’y avait rien de plus exquis de tomber sur autre chose que des romans à trois sous. Apparemment, c’était pour ça qu’il s’était essayé à l’écriture et lancé dans son petit business d’écrivain public. Il me disait que ce qu’il préférait écrire pour les autres, c’était les lettres non officielles : les correspondances amicales, les poèmes, les lettres d’amours… Et il le disait avec cet air fleur-bleu, les yeux levé vers le ciel, limite en soupirant. Je me foutais bien de lui avant, mais au fil du temps, j’en suis arrivé au point de bien les apprécier, ses textes, malgré les maladresses, les lourdeurs et le semblant de niaserie. Fai’z se débrouillait tout de même mieux à l’orale ; raconter des histoires, c’était son dada -surtout la sienne, mais celle-là, il ne la finissait jamais et laissait la plupart des éléments troubles. Y’avait rien de plus frustrant, et le pire, c’était que ça l’amusait bien de me faire tourner en bourrique. Je le sentais sourire sous son foulard, l’espèce de sadique, et plus je m’énervais, plus ça le faisait marrer. M’enfin, je devais bien être un peu maso, vu que j’en redemandais à chaque fois. Entre ça, et le laisser me bassiner chaque jour avec les nouveautés apprises la veille, ça devenait presque une certitude. La moindre petite découverte suffisait à lui faire chanter les bienfaits de la vie pour une journée entière. Heh, on lui aurait passé un bouquin sur le sujet le plus barbant du monde, il l’aurait étudié jour et nuit pour la semaine prochaine. Tout était bon à assouvir sa soif de connaissance. Dans nos conditions de vie, fallait se contenter de peu et pas donner trop, d’après lui. Fai’z partageait volontier son peu de culture, mais gardait le reste pour lui et sa famille. Même ses services d’écrivains n’étaient pas gratuits, que ce soit en crédit ou en nature –bouffe ou service rendu, hein. Après je savais pas ce qu’il trafiquait chez lui- ; il fallait que ça lui profite, dans un sens ou dans un autre. Pour être franc, Fai’z n’avait pas l’air d’en avoir grand chose à carrer de ce qui se passait à Erèbe, en dehors de son propre nombril. Les rebelles, la monarchie ; le camp importait peu, du moment qu’il se trouvait dans le bon. Jouer la neutralité et offrir des fleurs à celui qui sera lui profiter sur l’instant, en faisant fit de la morale stupide dont tout le monde s’encombrait ; il appelait ce mode de pensée le ‘conséquentialisme’ –encore un truc pioché dans un ouvrage soulant au possible qu’il aura dévoré en quelques heures- et, d’après lui, c’était le meilleur moyen de s’en sortir à notre époque. De toute manière, on n’en parlait plus très souvent, parce que ça créait des disputes monumentales. Il avait beau savoir rester pragmatique et se maîtriser, lorsqu’il commençait à ne plus supporter d’écouter sans broncher, ça explosait soudainement, et là, il faisait vraiment peur, à crier que je n’avais qu’à m’occuper de mes petites affaires, que je ne savais pas de quoi je parlais et qu’on était tous des gens merdiques, lui et moi compris. Après ces fois-là, il devenait distant et froid pour une poignée de jour, avant de revenir comme si de rien n’était, réconcilié avec tout. Je pensais juste que Fai’z n’aimait pas trop qu’on le remette en question ou qu’on le traite d’inconscient. Ou peut être juste qu’on lui dise quoi faire, en fait. Je le savais assez malin et discret pour agir ainsi, mais ça n’empêchait pas son mode de vie d’être dangereusement friable.
| NOM: Ibn Firnas Al Zarqa' PRÉNOM: Fai'z ÂGE: 40 ans SEXE: ♂ SEXUALITE: pansexuel SITUATION AMOUREUSE: it is a mystery PROFESSION: garde-frontière CATÉGORIE D'ARMES: A distance - Arbalète QUARTIER: second GROUPE: civil si j'ai bien capté NOTES: Propose ses services en temps qu'écrivain public à ses heures perdues -particulièrement pour les illettrés de la périphérie. Ça lui sert de couverture pour rafistoler n'importe qui pour pas trois fois rien et surtout sans licence médicale.
HISTOIREJ’entrais à mon tour à l’intérieur, devant me baisser pour passer l’encadrement de la porte. L’espace était restreint, mais tout à fait correcte pour un logement du troisième secteur. Du moins, pour une ou deux personnes.
Fai’z m’avait raconté qu’à l’époque, ils étaient bien plus d’un à se serrer entre ses quatre murs. Bien plus encore que les quelques rescapés lui servant de famille. En mettant les pieds ici, je posais enfin des décors et des images à ces bribes d’histoire éparpillées dans mes souvenirs. J’arrivais enfin à me dire que c’était vrai. Que les récits que j’avais trouvés dans ses tiroirs n’avaient rien d’une œuvre de fiction, mais bel et bien d’une autobiographie. Romancée, pleine de ratures, chiffonnée en boule au fond d’une poubelle et écrite à la troisième personne. Pour prendre du recul, sans doute. Ou peut être pas ; je n’avais pas le loisir de lui poser la question. Je me doutais que le bougre était au courant de mes intrusions dans sa vie personnelle, étant donné que les cachettes changeaient toujours de place, mais tant que je ne me trahissais pas, je pourrais continuer à recoller les pièces du puzzle.
Le local lui était revenu de droit après la purge ; du moins, il l’avait réquisitionné dès que possible. A l’époque, je n’avais pas compris pourquoi il disait que la semaine silencieuse l’avait sauvée de lui-même, mais plus les années passaient, plus je commençais à me rapprocher de la réponse. Il avait reconvertit cet endroit en résidence de travail, sa proximité avec la périphérie rendant les déplacements jusqu’au mur moins long. Ça lui servait aussi de bureau pour son truc d’écrivain. Il rentrait dans son vrai chez lui durant les périodes de congé, dans le second secteur, avec sa ‘famille’. Pour y être aller, cet endroit n’y ressemblait en rien. Des dizaines d’articles de journaux étaient placardé sur les murs, des lettres, des pages de roman, des essais ; on n’en voyait plus la peinture elle-même. Au départ, tout cela n’avait aucun sens pour moi, mais en m’y penchant plus longuement –et surtout après les avoir lus-, tout était devenu plus clair.
Je me suis toujours dit que si Fai’z laissait ce genre de choses au regard de tous, c’était qu’il ne voulait pas garder son passé si secret.
Le plus vieil article mentionnait le démantèlement d’un réseau de mendiant du troisième quartier. L’arrestation du grand chef avait fait éclater toutes les cellules et apparemment, la garde s’était tenue à cela. Ça remontait à plus d’une trentaine d’année, bien avant que le plus gros soucis d’Erèbe soit des rebelles déchainés. Entre deux, en continuant d’essayer de constituer une chronologie, il y avait cet extrait de récit trouvé dans sa poubelle. Plusieurs versions différentes, à vrai dire, mais une seule d’elle allait au bout. J’en avais extrait des parties et les avait notées dans un calepin ; c’était ça qui m’avait donné envie d’aller fouiller dans ses cafouillages. Ça, et toute les histoires qu’il me racontait. J’avais encore l’original, plié et soigneusement rangé dans un tiroir chez moi. A force de le relire, j’en étais arrivé à le connaître pratiquement par cœur.
« L’obscurité était quasi totale, à l’exception de cette loupiote accrochée au mur, projetant sa lumière blafarde le long de la paroi poisseuse. Elle soulevait une pléthore de gémissements ; des plaintes étouffées émergeant des masses recroquevillées sur le sol, des fois recouvertes d’un manteau miteux, plus souvent les pieds nus. L’air était insalubre, irrespirable. Ils se bouffaient leurs oxygènes par le nombre mais n’arrivait pas à se tenir chaud. La seule chose qui leur procurait encore ce sentiment de chaleur, c’était la fièvre.
Une goutte de sueur s’écrasa sur la peau blême. Du revers de la main, il essuya son front brûlant ; la fraicheur de son propre épiderme lui arracha un soupir. Ses doigts étaient rougis par le froid, pourtant le reste de son corps bouillonnait, au point où l’envie de s’arracher la peau devenait de plus en plus forte. Et surtout ce foutu tissus contre son visage. Mais il ne pouvait pas l’enlever. Il SAVAIT qu’il ne pouvait pas, mieux que quiconque dans le boyau. Cet endroit était infesté par la crasse et la mort ; déplacer les corps ne suffisait pas à faire fuir la maladie. Ses maigres connaissances ne pouvaient rien faire contre les infections. Rien d’autre que soulager un peu. Revenir aux méthodes les plus archaïques. S’il venait à tomber, personne ne pourrait s’occuper d’eux.
Il essora le chiffon et le reposa à sur le front de son camarade inerte, avant de se déplacer vers un autre corps frémissant. L’heure restait incertaine, mais sa fatigue osait lui faire penser qu’il était tard. Ou tôt ? Ils avaient perdu toute notion de temps ; certains même de l’espace. Ils déliraient, la terreur amplifiée par la douleur. Sa propre vision se troublait par moment. Son souffle lui manquait de plus en plus souvent. Des fois mêmes, face aux tissus nécrosés, à la peau davantage bleuie que la veille, la bile lui remontait derrière ses dents serrées. Mais il ne pouvait pas se permettre de rendre le peu que contenait son estomac. Il ne pouvait pas se rendre plus malade, car on lui avait donné un rôle. Elle lui avait donné un rôle.
Elle faisait partie des rares à ne pas devoir rester allongée. Elle était faible, frémissante, oui ; sans doute aussi délirante que les autres. Mais depuis le début, elle servait de tête pensante, de cerveau pour le groupuscule. Se réfugier ici, c’était son idée. Fuir les adultes pendant qu’il était temps, car il leur mettrait à nouveau la main dessus s’il restait à la surface. La peur les menait à leur propre perte, à une nouvelle angoisse, plus viscérale et primitive. Elle non plus ne pouvait se permettre de choir, pour le bien du groupe. »
La suite ramenait une fois de plus au mur. Une retranscription maladroite de l’interview jamais publiée, d’une certaine Giorgia Ruocco, membre des gardes ayant participé à l’arrestation de l’autre salopard. Les lettres étaient tremblantes et difficile à déchiffrer. Le papier dégageait aussi une odeur très légère de désinfectant, quasi imperceptible mais présente. L’écriture semblait s’énerver avec les mots de la femme, devenant plus tremblantes au fil du texte et dégringolant à la verticale.
« Les pratiques de ce réseau étaient immondes. Négliger les victimes de tels agissements est encore pire qu’avoir été incapable de débusquer les responsables avant qu’autant de mal soit causé. Ces gamins ont été défigurés dans le seul but d’attirer la pitié. » « J’ai vu une gosse avec les yeux brûlés. Une gamine ! Et cette même gamine est morte ce matin-même parce qu’une bande d’abruti avait d’autre chose à faire que de la sortir de cet égout. J’n’ai qu’une envie, les prendre par la peau du coup et les balancer dans la poubelle qu’était leur refuge durant ces deux derniers mois. Leur foutre la tête dans la crasse et le sang, dans les traces de vomi et l’urine gelée. » « Ces gosses ont vécu l’enfer à cause de nous. A cause de moi. Parce qu’une seule femme ne peut physiquement pas retrouver la trace d’une bande de gosse qui se cachent de nous, de peur de tomber plus bas encore. » « Ces gosses sont mieux encadrés que lâché dans la nature, car je vous jure qu’à la minute où on les jettera dehors, ils vont se venger. Ils vont se venger et ça va être sale. Et je n’ai aucune intention de les laisser devenir à leurs tours des criminels. »
C’était en lisant cette phrase, là, que les mots de Fai’z m’avait frappé. En recollant ces quelques documents, je comprenais cette petite remarque sur la taille de l’endroit, prononcée sur un ton trop léger pour seulement laisser imaginer le genre de choses s’étant produit ici. Je comprenais à qui appartenait ce local, ce qui s’y était passé, et pourquoi, au grand pourquoi la purge avait pu profiter à quelqu’un.
Je compris que jusqu’à ce jour, je n’aurais jamais pu dire que Fai’z projetait, après tant d’année, de passer à l’acte, de devenir un criminel malgré les paroles qu’il avait réécrites des années plus tôt, dans un lit d’hôpital, alors qu’une de ses camarades venaient de mourir, le corps couvert de gaze et de désinfectant, fiévreux, avec pour seul compagnon les fantômes malades de ceux ayant déjà trépassé.
Et j'en savais encore si peu.
ET IRL?PSEUDO: Pistache ÂGE: 16 ans A PROPOS DE VOUS ?: Je devrais aller me coucher au lieu d'écrire ça et je tâcherais de finir cette fiche VITE j'en peux plus. Sinon les yaourts mocca c'est miam et la procrastination c'est le mal. SPONSORISE PAR: le lundi matin FEATURING: un avatar tout frais du four homemade comme une tarte au pomme de grand-mère CODE: |
Dernière édition par Fai'z Al Zarqa' le Dim 30 Mar - 23:46, édité 2 fois |
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